Les pistes cyclables montréalaises ne sont pas faites pour les scooters électriques. Ces derniers, qui sont de plus en plus nombreux, devraient rouler dans la rue, fera valoir Vélo Québec au cours d'une consultation publique qui commence ce soir à l'hôtel de ville de Montréal.

«Les scooters électriques sont lourds et peuvent aller jusqu'à 40 km/h, ce qui est incompatible avec les bicyclettes dans les pistes cyclables, explique la directrice de l'organisme, Suzanne Lareau. Nous allons demander à la Ville que des règles strictes soient mises en place.»

Montréal commence ce soir une consultation publique sur le partage du réseau cyclable. Des élus et des fonctionnaires présenteront d'abord la question au public, puis trois audiences auront lieu dans différents secteurs de Montréal à la fin de l'automne. Selon nos sources, ce sont des adeptes du scooter électrique qui ont demandé ces consultations.

À l'heure actuelle, les scooters électriques ne peuvent pas rouler dans les pistes cyclables, mais les vélos à assistance électrique le peuvent. Selon Vélo Québec, certains de ces «vélos à assistance électrique» sont en fait des scooters vendus sous un autre nom.

«Le problème, ce ne sont pas les vélos à assistance électrique, mais les scooters vendus comme des vélos à assistance électrique. Ça pèse 70 kg et ça va à 40 km/h, explique Mme Lareau. Quand ça arrive vite derrière un cycliste, c'est dangereux. Il suffit de rouler sur les pistes pour constater que c'est un problème. Il faut les sortir de là.»

Les scooters électriques se multiplient à Montréal. Daniel Bibeau, propriétaire de Daniel Bicycle, en vendait 100 par année il y a cinq ans; il compte en vendre 250 cette année. «Les affaires vont très bien, ça va toujours en montant», dit-il.

Selon la Société de l'assurance automobile du Québec, il y a un problème dans le règlement sur ces véhicules. La Société est même en train d'étudier la manière de mieux distinguer les vélos assistés des scooters électriques.

«On ne veut pas exclure des pistes cyclables les véritables vélos assistés, mais il faut s'assurer que les scooters électriques roulent sur la route, comme les autres scooters», explique un porte-parole, Gino Desrosiers. Il précise que la Société a demandé durant l'été aux municipalités de lui transmettre des données sur tous les incidents impliquant des scooters électriques dans les pistes cyclables.

Daniel Bibeau explique que ses clients sont inquiets d'un possible durcissement du règlement. La plupart d'entre eux sont retraités et utilisent leur scooter pour se balader. «Si on leur interdit les pistes cyclables à Montréal, on leur interdit le bord de l'eau», dit-il.

Le commerçant envisage de présenter un mémoire aux consultations. Selon lui, ni les vélos assistés ni les scooters électriques ne devraient être interdits sur les pistes cyclables. Il croit que les cyclistes sportifs sont plus dangereux que les scooters. «Ils sont habillés en lycra, ils roulent à 40, 45 km/h, accuse-t-il. Ce sont les mêmes qui crient à mes clients, quand ils les dépassent: «Sors de la piste, c'est pas ta place!»»