Les bénévoles canadiens qui tentent de combler les lacunes des politiques sociales ont besoin d'un plus grand soutien du gouvernement, a affirmé le gouverneur général du Canada.

Dans une longue entrevue accordée à La Presse canadienne, David Johnston a lancé quelques suggestions à l'intention des décideurs canadiens à ce chapitre.

Des incitations fiscales pour le financement de projets à vocation sociale en passant par un appui gouvernemental aux groupes locaux de bénévoles, de même qu'une nouvelle emphase sur la gouvernance et un meilleur entraînement pour les organisateurs, ainsi qu'un réseau national de coordonnateurs communautaires permanents.

M. Johnston a fait du bénévolat l'une de ses priorités en tant que gouverneur général. Il est d'ailleurs la tête d'affiche de la campagne de financement en cours de Centraide Canada, aborde fréquemment le sujet en public et encourage fortement la participation citoyenne.

Le bénévolat est toutefois passé, avec les années, de simple complément au rôle traditionnel du gouvernement à une façon d'appliquer les politiques sociales.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper n'y fait pas exception et décrit souvent le bénévolat comme le meilleur moyen de gérer les besoins locaux. Une nouvelle série de prix a notamment été lancée, tandis que le 11 septembre a été sacré Journée nationale du service communautaire.

Le gouverneur général ne soutient toutefois pas la promotion de la controversée «Big Society», l'approche du Royaume-Uni en matière de bénévolat et de politiques sociales.

Le gouvernement du premier ministre britannique David Cameron tente ainsi de renforcer les services locaux et les groupes de bénévoles en déléguant le pouvoir à ces organisations locales, mais en prévoyant aussi des coupes dans les dépenses à l'échelle nationale. Ce concept phare du gouvernement Cameron a suscité de nombreux questionnements quant à une possible forme de déresponsabilisation de l'État.

Bien que personne ne parle ouvertement du concept de «Big Society», cette approche est souvent évoquée dans les cercles conservateurs. Un atelier sur le sujet a d'ailleurs été tenu par le Manning Centre for Building Democracy lors du dernier congrès conservateur.

M. Johnston reconnaît que certains éléments du modèle pourraient être adoptés au Canada, mais il ne croit pas que le concept devrait être appliqué dans sa totalité. «Je ne vois pas le bénévolat comme un substitut pour ce que le gouvernement a fait, ou pour ce qu'il aurait pu ou dû faire. Je crois que le bénévolat est important en soi», a-t-il expliqué.

Le gouverneur général estime que si le bénévolat a une longue tradition au Canada, c'est parce qu'il fût un temps où les habitants du pays ne pouvaient survivre que s'ils s'entraidaient.

Le Canada ne peut toutefois pas s'en remettre uniquement à cette tendance naturelle des citoyens pour le bénévolat, alors que la demande pour cette aide est croissante, a ajouté M. Johnston.

Selon lui, une telle demande pour le bénévolat représente un phénomène à long terme et nécessite donc une planification adéquate.