Le Canada pourrait être confronté à une pénurie de main-d'oeuvre d'ici cinq ans en raison de l'éventuelle retraite des enfants du «baby boom» et ce, au moment où une plus jeune génération de travailleurs font face à un avenir «sombre», empreint d'emplois à temps partiel, de piètres salaires et de modestes, voire inexistants, régimes de retraite, selon des leaders syndicaux ontariens.

À la veille du congé de la fête du Travail, Sid Ryan, président de la Fédération du travail de l'Ontario (FTO), a dit craindre que les universitaires munis d'un baccalauréat ne puissent dénicher de bons emplois qui leur permettront de rembourser leurs prêts étudiants et se bâtir un bel avenir.

Selon M. Ryan, les employeurs cherchent à obtenir des concessions dans deux sphères de grande importance. Ils veulent, affirme-t-il, verser de plus bas salaires aux nouveaux employés et offrir des régimes de retraite à cotisations déterminées - une alternative controversée et moins dispendieuse que le traditionnel régime de pension à prestations déterminées.

De telles exigences ont été au coeur de récents conflits de travail chez US Steel, à Hamilton, Vale Inco, à Sudbury, de même que chez les Travailleurs et travailleuses canadien(ne)s de l'automobile (TCA) et chez Postes Canada. L'emploi de travailleurs à temps partiel est aussi un facteur expliquant la grève en cours dans 24 collèges en Ontario, où 8000 travailleurs de soutien permanents se trouvent sur les lignes de piquetage.

Robert Waghorn, de Monster.ca, un site internet consacré à la recherche d'emplois, dit avoir noté une augmentation de l'affichage de postes à temps partiel.

Les travailleurs de la Génération Y - ceux dont l'âge varie entre 18 et 30 ans - sont plus ouverts aux postes à temps partiel que leurs aînés, croit M. Waghorn, parce qu'ils veulent acquérir de l'expérience et tester diverses avenues de carrière.

Un sondage Harris-Decima mené pour le compte de Monster.ca auprès de 1000 membres de la Génération Y et enfants du «baby boom» révèle que 40 pour cent des travailleurs issus de la Génération Y ayant été interrogés ne travaillent pas dans leur secteur de prédilection. Par ailleurs, 16 pour cent d'entre eux ont changé d'emploi au moins cinq fois.

Toutefois, Dan Kelly, de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), note qu'un certain nombre d'employés demandent des postes à temps partiel ou contractuels, parce qu'ils recherchent un relation de travail différente.

Selon M. Kelly, beaucoup de jeunes travailleurs veulent mériter un salaire, mais vendent leurs services à une kyrielle de compagnies, surtout dans les secteurs axés sur la créativité.

Enfin, ajoute M. Kelly, de plus en plus de gens deviennent des entrepreneurs.