L'industrie de la viande vit comme une injustice un resserrement des règles d'inspection fédérales, qui épargne le reste du Canada. En vigueur dans la région de Montréal-Ouest, le projet pilote Mercure cause «énormément de désagrément à l'industrie au lieu de progrès en matière de salubrité des aliments», dénonce le Conseil des viandes du Canada.

Fermetures temporaires d'usine, suspensions de licences, risque de faillite sont parmi les conséquences de ce projet de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), selon une ébauche de lettre signée par Jorge Andrés Correa, directeur technique du Conseil des viandes du Canada (CVC), que La Presse a obtenue.

«C'est une vraie catastrophe qui est en train de se produire, a témoigné un président d'usine de charcuterie, qui n'a pas voulu s'identifier pour ne pas perdre de contrats. C'est comme travailler avec un canon sur la tête. Il faut changer beaucoup de choses rapidement, ce qui coûte beaucoup de sous. Et ce n'est pas la même chose dans les autres provinces.» Lui-même a dû investir plus de 500 000$ dans son usine, «en 10 jours», a-t-il précisé.

L'élaboration des plans d'action exigés par le projet Mercure «est devenue ardue» et ils ne sont «jamais à la satisfaction des inspecteurs-visiteurs», écrit M. Correa à l'ACIA, dans le texte daté du 8 août.

«Toutes les démarches réalisées par les entreprises situées dans cette région les ont mises en désavantage concurrentiel sur tous les autres établissements au Québec et au Canada», ajoute-t-il.

C'est pour faire suite au rapport Weatherill, sur la tragique éclosion de listériose qui avait fait 22 morts en 2008, que l'ACIA aurait mis sur pied le projet Mercure. Jointe hier après-midi, Alice D'Anjou, porte-parole de l'ACIA, n'a pas pu répondre aux doléances de l'industrie de la viande. «Nous ne pouvons pas faire de commentaire sur le projet Mercure avant demain», a-t-elle expliqué.

67 500 emplois au pays

Metro a annoncé, la semaine dernière, la fermeture de son usine de transformation de viande de Montréal-Nord, où travaillaient 150 personnes. Est-ce une autre conséquence du projet Mercure? «L'usine date de 1968, a répondu par courriel Marie-Claude Bacon, porte-parole de Metro. Il nous fallait faire des investissements importants et surtout, ça n'assurait pas la viabilité de l'usine à long terme. Peu importe, l'usine aurait toujours daté de 1968.»

«La sécurité alimentaire est primordiale pour une entreprise telle que Metro, a-t-elle ajouté. Nous avons toujours eu une bonne collaboration avec l'ACIA.»

L'industrie de la viande est la plus grande industrie de transformation alimentaire au Canada, représentant 10% des exportations de produits agroalimentaires, selon le CVC. Elle emploie 67 500 personnes au pays.