Devant cette abondance de marijuana, Ottawa cherche à donner un second souffle à son programme de répression.

Le gouvernement Harper étudie actuellement un projet de loi qui enverrait automatiquement en prison les personnes coupables d'avoir cultivé plus de six plants de marijuana.

Pour le criminologue Neil Boyd, le durcissement des condamnations demandé par les conservateurs n'a rien de nouveau: c'est une stratégie qui a déjà été tentée.

«À la fin des années 60, le simple fait d'avoir de la marijuana en sa possession pouvait valoir une peine de prison, explique-t-il. Ça n'a rien changé: la culture et l'usage du cannabis ont explosé.»

Quand la Californie a envisagé de légaliser le cannabis, l'an dernier, les experts canadiens ont évalué que le scénario entraînerait une catastrophe en Colombie-Britannique.

Cela aurait en effet menacé les exportations de marijuana vers les États-Unis, qui représentent plus de 2 milliards de dollars par an, ainsi que 20 000 emplois, selon une étude de l'Université de Fraser Valley.

Adam Scorgie se souvient d'avoir vu les producteurs de cannabis paniquer. «Soudainement, des gars venaient me voir au gym pour me poser des questions sur le référendum californien. Ils étaient nerveux. Ils comprenaient que le prix du pot tomberait si la légalisation avait lieu.»

Ce qui ne s'est pas produit, 54% des électeurs s'étant opposé à la légalisation lors du référendum.

Au Canada, la légalisation est impensable pour le moment, croit Ian Mulgrew, qui voit toutefois un changement possible dans les cinq à dix prochaines années.

«La marijuana est diabolisée depuis 100 ans. Ce n'est que depuis 30 ans qu'un autre discours a commencé à apparaître. Pouvoir avoir une discussion honnête sur la marijuana est un phénomène récent.»

En Colombie-Britannique, parler de cannabis, c'est parler d'argent, dit Adam Scorgie.

«Les marchands de Kelowna acceptent d'être payés 500$, 1000$, 1500$ en argent comptant, et ils savent très bien d'où ça vient, dit-il. Tout le monde en profite, directement ou indirectement. Je pense que la loi va rester exactement la même, et que les cultivateurs vont continuer à brasser de bonnes affaires, pendant plusieurs années encore.»