L'agriculture est en crise au Québec, avec une perte de 430 fermes de porcs, 940 fermes de veaux d'embouche et 100 fermes d'agneaux depuis 2008. Une baisse de 10% à 20% du nombre de fermes, selon les secteurs. Pour aider la production porcine, Pierre Corbeil, ministre de l'Agriculture, a annoncé hier des modifications à la stratégie de soutien à l'adaptation des entreprises agricoles. La nouvelle a été jugée insuffisante.

«Actuellement, il y a de grands besoins chez les producteurs de porcs, a dit à La Presse Hélène Sauvageau, attachée de presse du ministre Corbeil. On veut qu'un plus grand nombre d'entre eux aient accès à ces mesures.» Aucun crédit additionnel n'est prévu, le budget initial de 135 millions de dollars en cinq ans devant suffire malgré les bonifications annoncées.

«Ça ne s'adresse pas à ceux qui sont en difficulté actuellement, a réagi Marie Bouillé, porte-parole de l'opposition péquiste en matière d'agriculture. Ça continue d'encourager les entreprises agricoles à être de plus en plus grosses.»

La solution se trouverait plutôt à la Financière agricole, jugée en partie responsable de la crise en raison de son empressement à se faire rembourser par les agriculteurs une dette de 687 millions. Ses dirigeants ont été questionnés à ce sujet par les députés de tous les partis, hier, à la commission de l'Agriculture de l'Assemblée nationale.

Des «lettres d'agriculteurs en détresse» ont été présentées par André Simard, député péquiste de Kamouraska-Témiscouata. La faillite leur fait perdre travail, maison et économies, a indiqué Janvier Grondin, député adéquiste de Beauce-Nord. «Le gars part avec ses «bobettes», c'est tout», a-t-il illustré.

Maladies, hausse du coût du maïs-grain nourrissant les porcs, force du dollar qui nuit aux exportations: «Ce n'est pas de leur faute, les producteurs de porcs ont eu beaucoup de difficultés», a convenu Jacques Brind'Amour, président-directeur général de la Financière.

Christian Lacasse, président de l'Union des producteurs agricoles, s'attend à ce que la Financière propose des solutions «dans les prochains jours, a-t-il dit. On ne demande pas d'argent supplémentaire. Il faut une baisse des primes, ce qui donnera immédiatement des liquidités aux producteurs».

Au plus tard, la commission de l'Agriculture a demandé à la Financière «de prendre des mesures (pour régler la crise) à la prochaine réunion de son conseil d'administration», prévue dans 10 jours, a indiqué Mme Bouillé.