La courte histoire du poste de contrôle routier de Saint-Bernard-de-Lacolle, depuis six ans, a été minée par des retards, des estimations erronées et des imprévus.

Dès la fin de 2004, la SAAQ et le MTQ cherchent un terrain pour le poste «intelligent» projeté sur l'autoroute 15, près de la frontière. Il doit être situé à courte distance de la douane de Lacolle, sur un tronçon de route qui doit être le plus droit possible, et dans un secteur relativement plat.

Le terrain trouvé correspond en tout point à ces critères. La municipalité de Saint-Bernard-de-Lacolle et des producteurs agricoles du secteur préviennent toutefois le ministère des Transports du Québec que la condition des sols, à l'endroit choisi, laisse à désirer. Les sols sont mous, imbibés d'eau et fréquemment inondés par un ruisseau.

Qu'à cela ne tienne. En janvier 2005, le MTQ obtient de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) l'aliénation de 13 000 m2 de terrains en bordure de l'A15.

À peine trois mois plus tard, le MTQ demande une exemption pour 14 000 m2 supplémentaires, ce qui double la superficie de cet empiètement sur la zone agricole, parce «qu'il a besoin d'une superficie plus grande, afin de procéder à la déviation du ruisseau», lit-on dans la seconde décision de la CPTAQ, rendue en juillet 2005.

Chaussée déformée

«Dès le début des travaux d'excavation pour la déviation du cours d'eau, précise cette décision, des problèmes importants d'effondrement des parois se sont produits. Des problèmes au niveau du poste de contrôle ont également été relevés (remontées d'argile, affaissement du sol).»

Les travaux de construction sont terminés à la fin de 2006, mais l'arrivée des premiers camions provoque des déformations de la chaussée, qui finissent par rendre le poste non fonctionnel.

Le poste ouvre avec six mois de retard en décembre 2007. La période de rodage des installations est censée durer six mois.

En commission parlementaire, en octobre 2008, le président de SAAQ, John Harbour, affirme que de «petites réparations d'entretien normal» ont été faites. Le poste est opérationnel, dit-il, et le «projet pilote dans les technologies STI se poursuit».

Systèmes de détection insatisfaisants

«Le problème que nous éprouvons présentement, c'est la reconnaissance des plaques automobile derrière les camions aux fins de vérification, déclare-t-il. La plaque d'immatriculation peut être sale, ou déplacée. Il y en a qui sont situées à différents endroits. Le taux de succès de reconnaissance des plaques est peut-être de l'ordre de 60 à 65%. On aimerait avoir un taux d'efficience plus grand que celui-là présentement.»

Aujourd'hui, les équipements ne fonctionnent toujours pas à la satisfaction du MTQ, qui refuse de prendre livraison des travaux, réalisés en vertu d'un contrat qui remonte maintenant à plus de cinq ans.

«Il n'est pas question d'annuler le contrat, assure toutefois Réal Grégoire, porte-parole du MTQ. Nous voulons savoir ce qui se passe, pourquoi, depuis si longtemps, ça ne marche pas. Mais notre but n'est pas de faire des réclamations. Ce qu'on veut, c'est que ça fonctionne.»

Il n'existe aucun lien connu entre les conditions du sol et le fonctionnement intermittent des technologies de télédétection.