Après des années de vaines pressions et de faux espoirs, le Japon semble sur le point de signer la convention de La Haye sur les aspects civils de l'enlèvement international d'enfants.

Interrogée au sujet des dizaines de petits Canadiens emmenés ou retenus dans ce pays par un de leurs parents contre le gré de l'autre, l'ambassade du Japon à Ottawa a avisé La Presse qu'il y aurait «un important progrès cette semaine».

«Le gouvernement japonais envisage sérieusement la possibilité de ratifier la convention, nous a de plus écrit le porte-parole de l'ambassade, Yoichi Fujiwara. Le gouvernement japonais fait des efforts sincères pour gérer ce problème, en tenant pour acquis que le bien-être de l'enfant doit être la plus haute priorité.»

L'ambassade a par ailleurs indiqué que le ministère des Affaires étrangères du Japon a mis sur pied une division spéciale pour gérer ces dossiers.

Grandes difficultés

Cela dit, jusqu'ici, ni le Canada ni les États-Unis ne sont parvenus à ramener un enfant grâce aux autorités japonaises.

En quatre ans, le nombre de petits Canadiens, Américains, Français et Britanniques enlevés et cachés au Japon -en général par leur mère- a pourtant quadruplé. D'après les associations de parents lésés, les sites web de réseautage japonais permettent aux femmes de s'échanger des conseils pour réussir l'enlèvement. Certaines peuvent y être carrément incitées lorsqu'elles se plaignent de problèmes conjugaux ou d'avoir le mal du pays.

Depuis 1997, quelques dizaines de Canadiens ont vu leurs enfants emmenés ou détenus au Japon. À lui seul, le ministère canadien des Affaires étrangères gère 33 cas d'enlèvement et de garde mettant en cause ce pays. La France et le Royaume-Uni en gèrent davantage et les États-Unis, deux ou trois fois plus.

Cette situation a déjà poussé trois pères français au suicide l'an dernier. Il entraîne aussi des tensions diplomatiques mondiales.

Le problème, c'est que, contrairement aux autres pays industrialisés, le Japon ne respecte pas les jugements étrangers en matière de garde. On en parle donc comme d'un «trou noir» ou d'un véritable «asile pour kidnappeurs».

Pressions internationales

Depuis quelques années, une douzaine d'ambassadeurs étrangers -dont ceux du Canada et de l'Union européenne- exercent publiquement des pressions et exigent que le Japon signe la convention de La Haye. «Les enfants doivent grandir en ayant accès à leurs deux parents», estiment-ils. La France a pris soin de préciser que, faute de progrès, l'enlèvement d'enfants «pourrait devenir un problème politique avec le Japon».

En attendant, certains pères retournent chercher leurs enfants de force mais parviennent rarement à les ramener. En octobre 2009, l'Américain Christopher Savoie a plutôt été arrêté par la police japonaise, même si le tribunal américain lui avait accordé la garde exclusive de ses deux enfants.

Pour certains, la signature de la convention arriverait peut-être trop tard, car ils ignorent si leur enfant a survécu au tsunami et au séisme de mars dernier.