Le mois dernier, un Californien a intenté une poursuite contre Japan Airlines et contre une agence de voyages japonaise, qu'il accuse d'avoir aidé sa femme à s'enfuir au Japon avec leur fils de 2 ans.

Le gouvernement japonais lui-même indispose de plus en plus la communauté internationale. Depuis quelques années, une douzaine d'ambassadeurs étrangers - dont ceux du Canada et de l'Union européenne - se sont unis pour exercer publiquement des pressions et exiger son adhésion à la convention de La Haye de 1981 sur les aspects civils de l'enlèvement international d'enfants. La convention a déjà été ratifiée par 84 pays, dont tous ceux du G7 - mis à part le Japon.

«Nous partageons avec le Japon, un pays allié et un partenaire important, de nombreuses valeurs communes. Ceci rend particulièrement déconcertante notre incapacité à trouver des solutions réalistes dans la plupart des cas d'enlèvement parental», indiquait déjà en 2009 un communiqué de presse commun des ambassades du Canada, de France, du Royaume-Uni et des États-Unis.

En 2010 et en février dernier, plus d'une demi-douzaine de pays se sont ajoutés à la liste des protestataires. Peine perdue jusqu'ici. Nous ne connaissons «aucun cas d'enfant enlevé au Canada par un parent qui a pu rentrer au pays grâce à une ordonnance d'un tribunal japonais ou encore aux efforts des services sociaux japonais», nous a par ailleurs précisé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Canada.

Le casse-tête n'est pas seulement diplomatique; il est aussi juridique. Car le droit japonais de la famille n'a rien à voir avec le droit canadien. Au Japon, les divorcés sont incapables d'obtenir une pension alimentaire ou des droits de visite. «C'est comme dans le tiers-monde: la garde revient à celui qui possède l'enfant. Si tu t'en empares, il est à toi, lance Eric Kalmus, de l'association The Japan Children's Rights Network. Et nos gouvernements n'en font vraiment pas assez pour nous protéger.»

Interrogé par la CBC en 2006 au sujet de l'enlèvement par leur mère de deux enfants ayant grandi en Colombie-Britannique, l'ancien ambassadeur du Japon au Canada, Samaaki Numata, a déclaré: «Le Japon a son propre système judiciaire, le Canada a le sien. Et si certains sous-entendent qu'un système est supérieur à l'autre, je ne souscris évidemment pas à cela.»

Les médias japonais laissent régulièrement entendre que le Japon ratifiera très bientôt la convention de La Haye. Mais cette promesse ne s'est toujours pas concrétisée. Il faut d'abord évaluer «l'impact que cela aurait sur le droit de la famille japonais» et si c'est «dans l'intérêt du peuple japonais», a justifié, en 2006, l'ambassadeur Numata.