Le petit baby-boom que vivait le Québec semble bel et bien terminé. Pour la première fois depuis huit ans, le nombre de naissances a baissé en 2010, révèlent des données de l'Institut de la statistique du Québec dévoilées hier.

L'année dernière, il y a eu 88 300 naissances au Québec, soit 300 de moins qu'en 2009. La baisse est minime, mais elle témoigne toutefois de la fin d'une croissance ininterrompue depuis 2002, qui s'était accrue en 2006. Cette année-là, le nombre de naissances avait bondi de plus de 5000 dans la province pour s'établir à 81 962. Le chiffre n'a cessé de grimper les années suivantes pour atteindre le sommet de 88 600 en 2009.

Ce phénomène avait amené plusieurs personnes à parler d'un «mini-baby-boom». Est-il bel et bien fini? Bien malin celui qui pourra le prédire, croit Chantal Girard, démographe à l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Elle explique que la croissance des naissances dans les dernières années avait pour principale explication le changement du calendrier de fécondité. «Il y a eu un report des naissances - les femmes se sont mises à avoir leurs enfants plus tard. On a donc connu un creux au début des années 2000. Les hausses des dernières années s'expliqueraient par le rattrapage. Mais ce rattrapage s'essouffle et ne semble plus faire augmenter les chiffres.»

Quant à savoir si la situation restera stable, tout dépend du taux de fécondité. «Le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants devrait rester stable dans les prochaines années, dit-elle. Si le comportement de fécondité ne change pas trop, le nombre de naissances ne bougera pas beaucoup.»

Mme Girard précise par ailleurs qu'elle s'est toujours opposée au terme «mini-baby-boom». Même si elle reconnaît «qu'il s'est vraiment passé quelque chose depuis 2006», elle estime que l'expression est exagérée. «Ce terme peut porter à confusion parce qu'il fait référence à une période où il y avait 140 000 naissances par année au Québec, où les femmes avaient en moyenne 4 enfants. Donc, on est loin du vrai baby-boom.»

Le baby-boom, qui a duré de 1946 à 1966, a atteint son pic en 1957, avec 144 432 naissances. Le nombre de naissances a graduellement chuté par la suite. Le creux a été atteint en 2000, avec 72 010 naissances.

Plus de mariages

Les données dévoilées hier par l'ISQ permettent par ailleurs de constater que le nombre de mariages a légèrement augmenté l'an passé. Il est passé de 22 600 en 2009 à 23 200 en 2010. Il n'y avait pas eu plus de 23 000 unions au Québec depuis 1997.

Cette petite hausse des mariages est attribuable à la popularité des unions civiles. «On observe ces temps-ci la popularité des mariages célébrés par une personne désignée, note Chantal Girard. Ça peut être un parent, un ami, peu importe. Il y a de plus en plus de ces mariages et ils pourraient contribuer à gonfler le chiffre total.»

La démographe rappelle que, au début des années 90, 30% des mariages étaient civils au Québec. Cette part a dépassé le seuil de 40% en 2009.

Tout comme avec les naissances, la hausse des mariages au Québec doit être mise en perspective. S'il est vrai que le nombre d'unions a augmenté dans les dernières années, il reste historiquement bas. L'année 1972 est celle où il y a eu le plus de mariages dans la province, alors que 54 000 couples ont échangé leurs voeux.

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Les naissances au Québec

2005: 76 341

2006: 81 962

2007: 84 453

2008: 87 865

2009: 88 600

2010: 88 300

Les mariages au Québec

2005: 22 244

2006: 21 956

2007: 22 147

2008: 22 053

2009: 22 600

2010: 23 200

Source : Institut de la statistique du Québec