Le nouvel archevêque de Québec, Gérald Cyprien Lacroix, nommé ce matin par le pape, veut « porter le flambeau de la foi avec fierté ».

En entrevue avec La Presse, voilà deux semaines, Mgr Lacroix avait expliqué que le passage de Marc Ouellet à Québec lui avait fait réaliser l'importance de montrer à la société contemporaine sa foi et ses convictions. Le prélat de 53 ans, nommé évêque auxiliaire par Mgr Ouellet, remplaçait de manière intérimaire ce dernier depuis sa nomination à la tête de la puissante Congrégation pour les évêques, au Vatican, fin juin. Mgr Lacroix fera une conférence de presse au début de l'après-midi.

Mgr Lacroix, qui est né dans un petit village beauceron et a fait ses études au New Hampshire, partage avec Mgr Ouellet un itinéraire qui l'a mené chez les francophones hors Québec et en Amérique latine. Il a oeuvré à Manchester, au New Hampshire, dans les années quatre-vingt, sous l'égide d'un évêque, Odore Gendron, qui a été mêlé à une controverse appelée « les soeurs de Hampton » : Mgr Gendron avait en 1982 congédié la directrice et trois enseignantes, toutes des religieuses, d'une école catholique, parce qu'elles ne « collaboraient » pas assez avec le diocèse. Mgr Ouellet, lui, a été recteur d'un séminaire à Edmonton au milieu des années quatre-vingt-dix.

Mgr Lacroix a passé l'essentiel des années quatre-vingt-dix en Colombie. Il a été frappé à son retour par la déchristianisation de sa province natale. «Je dirais que ça a été plus facile d'arriver en Colombie que de revenir au Québec», dit Mgr Lacroix.

Homme de terrain, il a fait de l'histoire d'Emmaüs, dans l'évangile de Luc, sa devise. Il s'agit du moment où Jésus ressuscité chemine incognito avec deux chrétiens démoralisés par la persécution dont ils sont victimes. À la fin de l'histoire, ils reconnaissent qui est Jésus. Pour Mgr Lacroix, cela signifie que les chrétiens d'aujourd'hui doivent donner le choix à leurs concitoyens de croire en Dieu, en leur montrant la beauté de la foi.

Durant l'entrevue avec La Presse, effectuée dans le cadre d'un reportage sur les évêques auxiliaires nommés par Mgr Ouellet, Mgr Lacroix avait accepté de discuter de deux controverses ayant marqué le passage de Mgr Ouellet au Québec : le fait d'avoir limité à la période antérieure aux années soixante les excuses pour les torts de l'Église québécoise; et ses commentaires sur l'avortement au printemps dernier, dans une conférence pro-vie où Mgr Ouellet a qualifié la pratique de « crime moral ». Dans le premier cas, Mgr Lacroix estime que Mgr Ouellet « avait sûrement de bonnes raisons » pour limiter la période couverte par ses excuses.

Pour ce qui est de l'avortement, le nouvel archevêque de Québec admet que Mgr Ouellet n'aurait peut-être pas dû utiliser le mot « crime ». « Mais ça n'a quand même pas de bon sens qu'on ait 30 000 avortements par année au Québec, avec la crise de la natalité. J'ai pris le temps d'écouter l'enregistrement de Mgr Ouellet au complet, et on ne peut pas ne pas être d'accord. Quand je le fais écouter à mes amis, ils comprennent, eux aussi. »

Selon Mgr Lacroix, les médias déforment les propos des représentants de l'Église. Il cite par exemple un récent article qui a fait des vagues au Québec. «On indiquait que le pape avait dit aux prêtres de donner de meilleurs conseils aux épouses, dit-il. C'était une erreur de traduction. Il voulait de meilleurs conseils aux deux époux. Mais le mal était fait.»

Mgr Lacroix pourrait être nommé cardinal. Traditionnellement, tous les archevêques de Québec, qui sont primats du Canada parce que c'est le siège le plus ancien de l'Église au pays, le sont.