Le gouvernement du Québec doit légiférer pour éviter que les gens fassent n'importe quoi des cendres de leurs proches après leur mort, plaide l'Assemblée des évêques du Québec. L'évêque de Chicoutimi, Mgr André Rivest, a réitéré cette position dans une entrevue accordée au journal saguenéen Progrès-Dimanche.

Mgr Rivest faisait écho à un mémoire produit l'automne dernier à Québec par l'Assemblée des évêques, qui se désole du fait que les cendres des personnes décédées sont loin d'être toujours traitées avec tous les égards souhaités.

«Des cendres sont laissées dans une maison lorsqu'elle est vendue; des gens font des travaux sur un terrain et découvrent une urne non identifiée; des gens se présentent dans nos paroisses pour faire inhumer une partie des cendres d'une personne qu'ils ne veulent plus garder dans un pendentif; des personnes souhaitent inhumer les cendres d'une même personne dans deux endroits différents... Notre expérience dans l'accompagnement des personnes en deuil nous oblige à dire que l'on ne doit pas traiter avec autant de légèreté les dépouilles des êtres chers», peut-on lire dans le mémoire de l'Assemblée des évêques.

Nathalie Samson, directrice générale de la Corporation des thanatologues du Québec, explique que le problème des urnes non réclamées est immense dans les salons funéraires. Bien qu'il n'existe pas de compte exact, il n'est pas rare qu'un seul salon funéraire en ait une centaine. «Rien dans la loi ne dit comment en disposer mais, par souci professionnel, les salons funéraires les conservent dans un caveau. Au bout de 15 ou 20 ans, s'ils ont un cimetière, ils enterrent les urnes dans des fosses communes. S'ils n'en ont pas, ils continuent de les conserver.»

Pourquoi les gens ne réclament-ils pas leurs proches devenus poussière? Mme Samson avance plusieurs hypothèses: l'incapacité, sur le coup, de faire des adieux définitifs, ou alors le fait que des cendres n'ont aucune valeur pour certaines personnes. Mais le plus souvent, dit-elle, «je pense que ça témoigne du fait qu'on ne s'occupe pas plus de nos morts que de nos personnes âgées».

Si le Code criminel interdit la profanation de cadavres, «il nous apparaît tout aussi normal de vouer le même respect aux restes humains lorsqu'ils sont réduits à l'état de cendres», plaide l'Assemblée des évêques.

Les évêques estiment qu'une loi claire et uniforme pourrait éviter bien des litiges qui troublent la paix dans les familles et même dans la société. Ils proposent donc d'obliger les entreprises de pompes funèbres à remettre les cendres directement aux responsables des cimetières ou des columbariums, qui veilleraient à la fois à en préserver l'intégrité et à les déposer dans un lieu autorisé à les accueillir.

Au ministère de la Santé, on indique qu'un comité de travail est en place pour mettre à jour la loi funéraire qui, au Québec, date de 35 ans. Tout ce qui a trait à l'inhumation et à l'exhumation est passé en revue et plusieurs mémoires ont été reçus sur le sujet.