Si on ne parle pas du suicide aux enfants, ils courent plus de risques de l'envisager un jour, croit le professeur de psychologie Brian Mishara, qui dirige le Centre de recherche d'intervention et de prévention du suicide de l'UQAM.

Ce chercheur a mené plusieurs études sur la conception du suicide chez les écoliers québécois. « Vers l'âge de 8 ans, les enfants savent presque tous ce que le mot veut dire, dit-il. Et ils peuvent nommer toutes les méthodes.»

Comment peuvent-ils en savoir autant? «Dans les dessins animés, il y a des tentatives partout, répond M. Mishara. Bugs Bunny menace de se tuer si on ne lui donne pas de carotte.

Des personnages se tuent et reviennent à la vie. Dans le film Les Incroyable, un héros attrape au vol un homme qui vient de se jeter dans le vide, et l'homme le poursuit en disant qu'il l'a empêché de mener à bien son projet!» «Ce n'est pas le bon message, prévient le chercheur.

Présenter le suicide comme une façon acceptable de régler un problème augmente le risque que les enfants l'envisagent à l'adolescence.»

La solution: au lieu de s'en remettre à Pixar ou à Walt Disney, il faut aborder le sujet à la maison et à l'école, dit-il.

«On parle déjà de sexualité et de drogue aux enfants. Il faut aussi les renseigner sur ce qu'est le suicide et sur ses effets dévastateurs. Il faut corriger les croyances erronées.»

La chose est encore plus urgente lorsqu'un membre de la famille ou de l'entourage de l'enfant s'enlève la vie, dit-il. «Les enfants à qui l'on dit qu'il s'agit d'un accident ou à qui l'on ne permet pas d'en discuter seront beaucoup plus à risque de se tuer éventuellement.»