L'Association des juristes de l'État, qui représente 1000 avocats et notaires travaillant pour différents ministères, pourrait bien adopter prochainement des moyens de pression.

Ces juristes ont voté à 90 pour cent en faveur d'un mandat de déclencher des moyens de pression pouvant aller jusqu'à la grève générale illimitée, au moment jugé opportun.

La négociation de leurs conditions de travail avec le Conseil du trésor n'est guère fructueuse, a affirmé en entrevue Me Marc Lajoie, président de l'association.

Les principaux points en litige portent sur les salaires et sur une clause de protection contre les risques de conflits entre les obligations déontologiques d'un avocat et ses responsabilités d'employé d'un ministère.

Sur ce dernier point, l'association demande que les règles d'éthique et de déontologie auxquelles sont soumis les avocats et notaires aient toujours préséance sur les conditions de l'emploi au ministère.

«Nous, avant d'être des employés de l'État, on est d'abord des avocats et notaires. Ça veut dire que nos règles d'éthique et de déontologie ont préséance sur le lien de subordination. On demande une protection pour qu'on ne soit pas pris dans une situation à choisir entre son emploi et sa déontologie», explique Me Lajoie.

Pour ce qui est du salaire, Me Lajoie affirme que les juristes de l'État touchent un salaire bien inférieur à celui de leurs collègues du secteur privé. «Au Québec, on est en bas du marché. Au maximum de l'échelle, on gagne 55 $ de l'heure», rapporte Me Lajoie.

Les juristes veulent donc un rattrapage salarial et attendent une proposition plus généreuse de la part des négociateurs du Conseil du trésor. «On attend leur appel. La balle est dans leur camp. Nous, on a voté pour un mandat pour des moyens de pression à la hauteur de 90 pour cent.. Donc, s'il n'y a rien qui bouge d'ici quelques semaines, on s'en va vers des moyens de pression», prévient Me Lajoie.

«Moi, le vote que j'ai eu, c'est 90 pour cent pour autoriser tout moyen de pression incluant la grève générale illimitée. Je ne pense pas qu'on puisse avoir un niveau d'exaspération plus élevé que ça», ajoute-t-il.

Ce n'est pas l'exécutif du syndicat qui va décider de la teneur de ces moyens de pression et du moment de leur déclenchement, mais le Conseil des représentants, qui est formé de représentants de chacun des milieux de travail.

Joint au téléphone, le Conseil du trésor a affirmé avoir toujours confiance en la négociation avec les juristes de l'État. «On est en négociation pour en arriver à une entente négociée», a indiqué l'attachée de presse de la ministre Michelle Courchesne, Isabelle Mercile.

Sur la question de la préséance des règles d'éthique et de déontologie, Mme Mercile a simplement répliqué que «si un juriste est confronté (à une telle situation) il faut qu'il en avise son sous-ministre». Elle n'a pas voulu commenter davantage pour ne pas nuire à la négociation.

Les juristes de l'État travaillent pour le ministère de la Justice, le ministère du Revenu, la Société de l'assurance-automobile du Québec, la Commission de la santé et de la sécurité du travail, la Commission des normes du travail, la Régie des rentes du Québec et la Régie de l'assurance-maladie du Québec, par exemple.