Plus de 200 agriculteurs ont manifesté hier à Québec devant les bureaux où se réunissaient les membres du conseil d'administration de la Financière agricole.

L'Union des producteurs agricoles (UPA) estime que le ministre de l'Agriculture, Laurent Lessard, a montré hier une «légère ouverture» pour débloquer le conflit qui les oppose. «Il y a eu des avancements, mais pas des avancements qui correspondent à nos attentes», a dit Pierre Lemieux, vice-président de l'UPA.

Ce sera maintenant au tour des dirigeants de l'UPA de se rencontrer aujourd'hui.

Coupes de 80 millions

En mars dernier, le gouvernement a annoncé des coupes de 80 millions de dollars dans l'Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA). Ce programme, administré par la Financière agricole, garantit un revenu annuel minimal aux agriculteurs. L'ASRA est maintenant dotée d'un fonds de 630 millions. Le gouvernement rappelle que cette réduction était nécessaire pour éviter d'autres déficits. Québec a déjà absorbé le déficit accumulé de 1 milliard de la Financière agricole.

«S'il y a des surplus (dans la Financière agricole), ce sera donné aux producteurs agricoles à la fin de l'année», a promis hier le ministre Lessard.

Le conseil d'administration de la Financière doit maintenant déterminer comment ces éventuels surplus seront redistribués.

L'UPA veut connaître les modalités de cette redistribution. Elle voudrait aussi que le gouvernement renonce aux nouvelles compressions de 80 millions prévues pour l'année prochaine et renonce à modifier la méthode de calcul des indemnités.

Québec exclura du calcul les fermes les moins performantes (25%). Cela réduira les sommes redistribuées et pourrait mettre en péril la survie de plusieurs entreprises, croit l'UPA. D'après les calculs du Ministère, 2500 fermes sont déjà menacées de faillite.

Mesures d'atténuation

Le ministre Lessard propose toutefois des mesures d'atténuation, comme de donner une année additionnelle à certains producteurs avant de changer la méthode de calcul.

Le gouvernement Charest doit présenter l'année prochaine son livre vert. L'UPA craint qu'on y remette en question son monopole syndical et la mise en marché collective des produits.

En attendant un règlement, les agriculteurs continuent de refuser de laisser les motoneigistes circuler sur leurs terres. Le Conseil québécois de l'industrie touristique déplore que ses membres soient «pris en otages» dans un conflit qui ne les concerne pas. Certains hôteliers répliquent maintenant en proposant de boycotter les produits du terroir des membres de l'UPA. «Je ne les invite pas à faire ce geste, mais je les comprends», a réagi le ministre Lessard.