Malgré la demande de moratoire d'un an que 18 directeurs de la santé publique ont faite en février, Loto-Québec a lancé hier son site de casino sur l'internet, que les joueurs pourront fréquenter à partir du 1er décembre. Les joueurs pourront perdre un maximum de 10 000$ par semaine et Loto-Québec offre, en guise de cadeau de bienvenue, 10$ de jeu gratuit à ceux qui s'inscrivent dès maintenant.

En conférence de presse, Alain Cousineau, président et chef de la direction de Loto-Québec, a soutenu qu'il s'agissait ici de «canaliser l'offre de jeu dans un circuit contrôlé».

À son avis, les quelque 2500 sites de jeu virtuel font en sorte que l'État pouvait jusqu'ici être appelé à réparer les pots cassés du jeu pathologique sans pour autant récolter quelque recette que ce soit du jeu en ligne.

Seuls les résidants du Québec de plus de 18 ans, et physiquement présents sur le territoire du Québec, auront le droit de jouer. C'est qu'au Canada, chaque province a juridiction sur le jeu (encore illégal en ligne dans la majorité des provinces, mais sur lequel on travaille dans plusieurs d'entre elles) et aux États-Unis, le jeu sur l'internet est interdit sur tout le territoire.

Alain Cousineau assure que le site de casino virtuel - où on peut notamment jouer au poker, au baccara, au black jack et à la roulette - répond aux meilleures normes en matière de jeu responsable. La société d'État dit s'en être assurée en faisant vérifier son site par le psychologue Richard Wood, au coût de 18 000$.

Jeu responsable

M. Wood conclut que le site relève d'«un plan réfléchi et correctement mis sur pied, qui se classe parmi les plus complets du genre au monde», mais il suggère cependant des ajustements. Il demande notamment que Loto-Québec encourage l'usage des cartes de débit plutôt que des cartes de crédit, tout en relevant dans le même souffle que, malheureusement, les deux institutions bancaires les plus populaires au Québec, la Banque Nationale et les caisses populaires, n'offrent pas de carte de débit pouvant être utilisée pour les achats en ligne.

D'une manière volontaire, les joueurs peuvent s'autoexclure du site de Loto-Québec et tout joueur peut, de lui-même, s'obliger à respecter une limite de temps de jeu et à une limite d'argent qu'il veut dépenser sur ce site.

À ce sujet, M. Wood souligne qu'une étude de Nelson et al., menée en 2008 auprès de 47 000 abonnés au site de pari sportif bwin, a conclu que seulement 1,2% des joueurs utilisaient la fonctionnalité les incitant à limiter leurs dépenses de jeu.

En février, d'une même voix, les 18 directeurs de la santé publique du Québec ont demandé au gouvernement de repousser d'un an le lancement du site de Loto-Québec.

Tout en se disant inquiet, comme les autres, des conséquences possibles du jeu sur l'internet pour les jeunes, M. Cousineau, PDG de Loto-Québec, a rappelé que son site s'adressait à des adultes «majeurs et vaccinés».

Il n'a pas caché le peu d'attention qu'il accordait à l'opposition des directeurs de la santé publique qui, a dit M. Cousineau, «ont posé un jugement avant même qu'on puisse mettre une proposition sur la table».

Loto-Québec espère réaliser un bénéfice annuel de 50 millions avec son nouveau site, dont la création a coûté 12 millions.

M. Cousineau a fait valoir que les revenus en baisse de Loto-Québec, au cours des dernières années, n'ont rien à voir avec cette nouvelle offre de jeu qui était envisagée depuis 2006 mais qui avait été retardée «parce que les Québécois n'étaient pas prêts».