Plus d'un an après s'être vu refuser l'entrée au Canada, l'ex-député britannique George Galloway débarquera au pays la semaine prochaine, promettant d'en faire voir de toutes les couleurs au gouvernement Harper.

Depuis l'an dernier, l'ex-député britannique George Galloway a l'impression d'être un livre jugé subversif que le gouvernement canadien a essayé de mettre à l'index.

Accusé d'avoir «soutenu le terrorisme» par Jason Kenney, le ministre canadien de l'Immigration, le politicien écossais, connu pour ses positions pro-palestiniennes, s'est vu refuser l'entrée au Canada par l'Agence des services frontaliers en mars 2009.

Batailleur, George Galloway a embauché des avocats torontois pour contester la décision. Le 27 septembre, il a eu gain de cause. La cour fédérale a jugé que l'interdiction de territoire lui avait été imposée pour des raisons politiques. Résultat: mardi, George Galloway pourra entrer librement au pays pour prononcer des conférences dans 11 villes, dont une à l'Université du Québec à Montréal mercredi soir.

«Le bon côté de cette saga, c'est que le livre qu'on essaie de bannir se retrouve sur la liste des best-sellers. Le gouvernement Harper a élargi mon public», a dit M. Galloway à La Presse cette semaine lors d'une entrevue téléphonique.

Bataille en vue

Mais le militant de gauche de 56 ans est loin d'entendre à rire. Dès son arrivée au Canada, il compte entamer une poursuite contre le gouvernement canadien. «Nous voulons demander réparation pour l'injustice que le gouvernement Harper a perpétrée contre moi», estime-t-il.

Il estime que les accusations de Jason Kenney ont transformé sa vie en enfer pendant 18 mois. L'homme qui a été député de 1987 à 2010 a perdu sa première élection cette année. «Mes opposants politiques ont utilisé sans scrupule les allégations de terrorisme du gouvernement canadien contre moi», note le politicien qui a vu le seul siège que détenait le Parti du respect lui filer entre les doigts.

«Mon nom a commencé à faire lever des petits drapeaux rouges dans les ordinateurs des services de sécurité du monde entier et je voyage beaucoup.» Il a notamment été interdit de séjour en Égypte en janvier dernier. Il s'y rendait pour participer à un convoi maritime qui tentait de briser l'embargo israélien contre Gaza comme il l'a fait à cinq reprises.

Ces missions, qui ont bénéficié en partie au Hamas, en contrôle de la bande de Gaza, sont à l'origine du différend avec le gouvernement Harper. Le parti islamiste est sur la liste des organisations terroristes interdites au Canada, une position que George Galloway trouve indéfendable.

«Le Hamas n'est pas une organisation terroriste, mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas commis d'actes terroristes. C'est d'abord un mouvement de libération», estime l'orateur incendiaire qui depuis plus de 40 ans ne craint pas de faire entendre ses opinions, souvent à contre-courant, sur mille et une tribunes.

40 ans de controverse

Fils d'un syndicaliste écossais et d'une Irlandaise, il n'avait que 13 ans quand il a commencé à faire de la politique dans les rangs du Parti travailliste. Il a été mis à la porte en 2004 par Tony Blair qui ne tolérait plus sa campagne contre la guerre en Irak.

Il a aussi attiré les foudres de plusieurs en défendant le régime de Mahmoud Ahmadinejad en Iran et en reconnaissant la validité de sa réélection malgré le mouvement de contestation qui a déferlé dans les rues de la République islamique. Ces jours-ci, il anime deux émissions hebdomadaires à Press TV, une chaîne subventionnée par le gouvernement iranien. Dans le cadre de l'une d'entre elles, le Real Deal, il a interviewé le président iranien en l'appelant «votre excellence».

Press TV n'est pas sa seule tribune, il anime aussi une émission de radio, écrit des chroniques dans un journal et donne des conférences.

Au Canada, il veut utiliser sa tournée pour «populariser» sa critique de la politique étrangère du Canada. «Ça isole de plus en plus le Canada. On l'a vu avec la défaite du Canada qui n'a pas réussi à mettre la main sur un siège au Conseil de sécurité. Je l'attribuerais au soutien indéfectible du Canada envers le gouvernement israélien le plus extrémiste qu'on ait jamais vu. Harper dit que le Canada est prêt à défendre ce gouvernement coûte que coûte, tonne M. Galloway. Je ne suis pas certain que la population canadienne soit d'accord.»