Justin Rehberg, un jeune homme qui a reconnu avoir brûlé une croix devant la maison d'un couple interracial, à Poplar Grove, en Nouvelle-Écosse, en février dernier, a été trouvé coupable, vendredi, d'incitation à la haine. Il connaîtra sa peine le 14 décembre prochain.

Rehberg, âgé de 20 ans, avait soutenu lors de son procès que le geste n'était pas motivé par la haine. Il s'est cependant reconnu coupable d'une accusation de harcèlement criminel, le mois dernier.

Au prononcé du verdict par la juge Claudine MacDonald, le jeune homme a affiché une mine imperturbable. Il a refusé de dire quelque commentaire que ce soit à la sortie du Palais de justice de Windsor, en Nouvelle-Écosse.

Le 21 février dernier, un couple formé de Michelle Lyon, une blanche, et de Shayne Howe, un noir, a trouvé cette croix en feu haute de deux mètres devant sa maison. Ils ont dit au tribunal que cette scène les avait terrifiés, notamment pour leurs enfants.

«Cela démontre que ce genre d'actes est inacceptable au Canada, que ces jours sont terminés, a indiqué M. Howe à la sortie de la salle d'audience. Je suis content qu'il ait été déclaré coupable»

Sa conjointe a fait part d'un sentiment semblable: «cela va définir l'avenir et les générations à venir», a-t-elle dit.

Le Canada a franchi un point important dans ce qui doit être perçu comme un crime d'incitation à la haine, et qui fera jurisprudence, a indiqué le couple.

Justin Rehberg avait déjà reconnu qu'il avait assemblé la croix avant de l'enduire d'un produit inflammable et qu'il y avait mis le feu.

Son frère Nathan a aussi été accusé dans cette histoire; il devra à son tour subir un procès en décembre.

L'avocat de la Couronne, Darrell Carmichael, a souligné que le jugement était significatif.

«Selon ce que j'en sais, nous n'avons encore jamais eu de jugement dans ce pays qui spécifie clairement que faire brûler une croix est un crime haineux», a expliqué M. Carmichael.

L'oncle de Rehberg a indiqué qu'il n'approuvait pas les actions de son neveu, ajoutant qu'il s'agissait sans doute d'un égarement de jeunesse.

«Je ne dis pas que cela aurait dû être fait, car c'est faux, mais tout le monde fait des erreurs dans son jeune temps», a dit Darrell Boutilier à l'extérieur du palais de justice.

«J'ai fait des bêtises dont je ne suis pas fier, mais c'est la vie.»

L'incitation à la haine engendre une peine maximale de deux ans de prison, tandis que le harcèlement criminel pouvait mener à 10 ans derrière les barreaux.