Le nombre d'échauffourées à la frontière canadienne a de nouveau augmenté l'an dernier, alors que les agents des services frontaliers ont davantage dégainé leur arme ou utilisé leur matraque pour faire face à des voyageurs difficiles.

Un nouveau rapport a révélé que les incidents où l'usage de la force avait été constaté avaient gonflé de 170 pour cent en seulement quatre ans - et plus d'agents sont nécessaires pour intervenir lors de chaque incident.

Le nombre total d'incidents se chiffre à 137 pour l'année fiscale qui s'est terminée le 31 mars 2010, et il s'agit d'une fraction des 80 millions de personnes qui ont franchi la frontière durant cette période.

Certains détracteurs affirment qu'avec de plus en plus d'agents portant une arme, ce n'est qu'une question de temps avant qu'un coup de feu soit tiré pour mettre fin à un épisode violent.

Jusqu'à maintenant, un seul coup de feu a été délibérément tiré au cours d'une intervention, et ce depuis juillet 2007, date à laquelle les agents ont commencé à porter une arme. Le coup de feu avait été tiré pour abattre un orignal blessé sur une autoroute de la Colombie-Britannique, l'été dernier.

En mai de cette année, un agent de Queenston, en Ontario, a accidentellement appuyé sur la détente en chargeant son arme. Personne n'a été blessé.

L'an dernier, 17 agents des services frontaliers et 13 assaillants ont été blessés dans des bagarres, tous de façon mineure. Chacun a reçu des soins médicaux.

Les données proviennent d'un brouillon du rapport annuel de l'Agence des Services frontaliers du Canada (ASFC) sur l'usage de la force, dont une copie a été obtenue par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Les agents dégainent leur arme de service environ trois fois par mois. Il y a actuellement 1386 agents armés, et ce nombre devrait grimper pour atteindre 4800 en 2016, dans tous les postes-frontières terrestres et maritimes.

Une porte-parole de l'Agence a refusé de commenter.

«Nous ne spéculerons pas sur les raisons expliquant pourquoi il semble y avoir une hausse dans le nombre d'incidents», a dit Sabrina Mehes par courriel.

«Les agents de l'ASFC sont préparés et entraînés pour gérer une large gamme de solutions lorsqu'ils ont affaire à des situations potentiellement dangereuses, et ils y font face, en utilisant leurs talents, leur entraînement, leurs outils et leur bon jugement.»

Les 137 incidents de 2009-2010 représentent une hausse de 10 cas par rapport à l'an dernier, mais le nombre d'agents nécessaires pour résoudre ces problèmes a grimpé de façon draconienne, passant de 284 à 348, ce qui signifie aussi une hausse des armes sur les lieux d'incidents.

Des pistolets ont été dégainés à 32 occasions, et les matraques, sept fois - pour être utilisées à deux reprises. L'oléorésine de Capsicum, mieux connue sous le nom de poivre de Cayenne, a été sortie de son étui 11 fois, et utilisé lors d'un seul incident.