Parmi tous les enfants maltraités dont le signalement a été retenu, près d'un sur quatre est autochtone. Une proportion si élevée - et en si nette croissance - que le phénomène est présentement étudié par le Centre de recherche sur la famille et les enfants de l'Université McGill.

Même si les autochtones représentent seulement 6% de tous les petits Canadiens, en 2003, ils comptaient déjà pour 15% des dossiers retenus par les centres de protection de la jeunesse. Cinq ans plus tard, c'était 22%.(1)

Les problèmes du passé semblent faire boule de neige, avance entre autres choses le chercheur Nico Trocmé: «Les enfants autochtones d'aujourd'hui ont des parents qui ont eux-mêmes grandi dans des foyers ou des écoles résidentielles (du gouvernement). Le noyau familial a été brisé.»

«Leurs familles vivent dans la pauvreté, explique-t-il aussi. Elles ont moins accès à un logement et moins accès à des services de traitement d'alcoolisme et de toxicomanie.»

Les autochtones sont-ils victimes de discrimination de la part des autorités? «Non, répond M. Trocmé. Leurs communautés sont de plus en plus nombreuses à développer leurs propres services. Et lorsque c'est le cas, le nombre de signalements ne baisse pas, il augmente parce que les gens leur font plus confiance.»

D'après le chercheur, ce phénomène contribue aussi à expliquer que la surreprésentation autochtone s'accentue.

1. Les statistiques québécoises sur les autochtones n'avaient pas pu être considérées lors de l'étude de 2003, mais l'ont été en 2008. Puisque moins d'autochtones vivent au Québec que dans l'Ouest canadien, la hausse réelle est sans doute plus importante encore.