De sordides détails de la double vie du colonel Russell Williams devraient être révélés au public à partir de lundi, lorsque l'ancienne étoile montante de l'armée canadienne plaidera coupable du meurtre de deux femmes, à des agressions sexuelles, et à un ensemble d'autres accusations criminelles.

Williams était le commandant de la plus grande base aérienne du pays, située à Trenton, jusqu'à ce qu'il soit arrêté en février et accusé des meurtres de Jessica Lloyd et de la caporale Marie-France Comeau.

L'arrestation, qui a ébranlé les forces armées jusque dans leurs tréfonds, a laissé plusieurs questions sans réponse. Est-ce que l'officier de haut rang qui a piloté les avions transportant le premier ministre et la reine à travers le pays possédaient de dérangeants fantasmes sexuels qui ont éventuellement mené à l'agression et au meurtre? Et comment quelqu'un pouvait-il cacher un si terrible secret?

Le puissant contraste entre ces deux images - celle d'un militaire de carrière ayant du succès et d'un prédateur sexuel dépravé - a suscité un très grand intérêt envers l'affaire, a indiqué Adam Boni, un avocat spécialisé en droit criminel de Toronto, qui a coécrit un texte légal sur l'art de rendre un jugement.

Selon lui, toute cette histoire s'apparente au récit du Dr Jekyll et de M. Hyde, et fait appel aux plus viles peurs que chacun possède concernant son voisin, ou le professeur, ou l'homme d'affaires circulant paisiblement dans la rue.

Plus tôt ce mois-ci, un avocat de Williams a déclaré à la cour que son client plaiderait coupable à toutes les accusations - deux accusations de meurtre prémédité, deux accusations d'agressions sexuelles, deux accusations de séquestration, et 82 accusations d'entrée par effraction remontant à 2007, certaines d'entre elles impliquant de la lingerie féminine.

Il risque une peine d'emprisonnement à vie automatique sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

M. Boni a précisé qu'il était rare que les personnes accusées annoncent leur intention de plaider coupable à une date ultérieure. Dans ce cas, a-t-il dit, il s'agit clairement d'une décision prise pour assurer le public, l'armée, les familles des victimes et les survivants qu'il ne seront pas soumis à la «torture psychologique» d'un procès.

«Les allégations dans cette affaire semblent être si sordides, si dérangeantes qu'un procès aurait probablement changé la communauté de Trenton pour le reste de son existence», a déclaré l'avocat.

«Cela aurait eu un énorme impact sur la communauté, en plus d'avoir un impact dévastateur sur les victimes et leurs familles.»

Les enquêteurs seraient en possession d'un document vidéo donné par l'accusé aux autorités dans lequel il avouerait sa participation aux viols et aux meurtres. Le reportage publié n'est pas confirmé et il n'est pas possible de savoir quelle preuve sera versée au dossier public suite à l'admission de culpabilité.

Marie-France Comeau a été trouvée morte dans son domicile de Brighton, en Ontario, en novembre dernier. Elle était agente de bord à la base de Trenton et a servi sur les mêmes vols militaires que Williams a pilotés pour la majeure partie des années 1990.

Jessica Lloyd, quant à elle, a été jetée en bordure d'une route près de la ville de Tweed, toujours en Ontario, où vivait Williams.