C'est Stockwell Day qui va être content: un sondage Angus Reid obtenu par La Presse indique que seulement 15% des Québécois estiment que le crime a diminué dans la province depuis 10 ans.

«Quoique les statistiques disent que le crime est à la baisse, ce n'est pas la perception qu'ont une grande partie des Québécois», a noté le vice-président de la firme, Jaideep Mukerji.

Plus tôt cette semaine, Stockwell Day avait justifié l'ordre du jour garni de son gouvernement en matière de lutte contre la criminalité par l'augmentation du nombre de crimes non signalés.

L'affirmation a fait bondir plusieurs journalistes, commentateurs politiques et membres des partis de l'opposition, qui l'ont accusé de jouer avec les chiffres pour nier les données de Statistique Canada. En effet, le taux de criminalité, selon les services policiers du pays, est en baisse depuis 1991.

Or, selon le coup de sonde mené par Angus Reid les 3 et 4 août, la majorité des 803 Québécois interrogés semblent lui donner raison (la marge d'erreur est de plus ou moins 3,46 points, 19 fois sur 20).

Quarante pour cent d'entre eux croient que la criminalité a augmenté au Québec depuis 10 ans, tandis que 39% estiment qu'elle est restée la même.

À la question «Avez-vous déjà été victime d'un crime (violent ou autre) que vous n'avez pas signalé à la police?», 14% ont répondu oui. Donc 82% n'ont soit pas été victime d'un crime, soit en ont été victime mais ne l'ont pas déclaré à la police.

Jaideep Mukerji met toutefois en garde contre la comparaison de ces derniers résultats avec ceux de Statistique Canada dans son enquête quinquennale sur la «victimisation criminelle».

Comme l'a affirmé Stockwell Day, cette enquête révèle que le nombre de victimes d'acte criminel qui déclarent le méfait à la police a diminué entre 2004 et 1993: il est passé de 42% à 34%.

«La question n'a pas été posée de la même façon, fait toutefois remarquer M. Mukerji. Et il faut remettre le tout en contexte.» Lorsqu'on questionne les Québécois sur leurs priorités, «il est très, très rare que l'on voie la criminalité au-dessus de 3%», a-t-il expliqué.

«Ce n'est pas du tout leur plus grande préoccupation.»

Cette préoccupation face au crime pourrait être plus présente chez les femmes: à la question sur l'évolution de la criminalité depuis 10 ans, elles ont été beaucoup moins nombreuses que les hommes à dire qu'elle a diminué (9%, comparativement à 21%).