Déterminées à améliorer leurs conditions de travail, des milliers d'éducatrices en milieu familial ont ouvert leurs portes avec deux heures de retard, hier matin, non sans causer certains désagréments aux parents.

Alice Etchu, de Montréal, a commencé à travailler beaucoup plus tard qu'à l'habitude, hier. Sa fille de 3 ans fréquente une garderie du Plateau-Mont-Royal qui était perturbée par des moyens de pression.

 

«Ç'a été très difficile pour moi, j'étais coincée», a dit Mme Etchu, croisée en fin d'après-midi alors qu'elle venait chercher sa fille. N'ayant pu trouver d'autre solution, cette femme de ménage a dû annuler deux contrats, perdant ainsi une partie de son salaire.

«C'est ennuyeux pour nous mais, en même temps, je comprends les revendications des éducatrices, a poursuivi Mme Etchu. Comme tout le monde, elles ont besoin de vacances et de conditions de travail décentes.»

La Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), qui regroupe 12 500 des 15 000 éducatrices de la province, a donné le mot d'ordre à ses membres de faire un court débrayage hier matin.

Rappelons que, au terme d'une bataille juridique de plus de 10 ans, les responsables de services de garde en milieu familial du Québec ont obtenu le droit de se syndiquer l'an dernier. Au mois de février, la FIPEQ-CSQ a présenté ses demandes au ministère de la Famille et des Aînés.

«Six mois plus tard, le gouvernement n'a même pas encore fait de proposition complète, a déploré Louise Chabot, vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Ça fait 13 ans que les femmes attendent mais, pour eux, ça ne semble pas urgent.»

La FIPEQ-CSQ réclame pour ses membres des droits et des conditions de travail comparables à ceux dont bénéficient les éducatrices des centres de la petite enfance (CPE), qui reçoivent un salaire supérieur et ont droit à des vacances ainsi qu'à un régime de protection sociale.

Les éducatrices en milieu familial ne bénéficient d'aucun avantage social, déplore Louise Chabot. Selon le syndicat, elles travaillent entre 60 et 65 heures par semaine pour un salaire annuel moyen de 16 000$.

«C'est de l'esclavage», a résumé Jeanette Almos, responsable d'un service de garde du Plateau-Mont-Royal. Comme des dizaines de ses consoeurs, Mme Almos est allée manifester au métro Mont-Royal pendant le débrayage.

Si les négociations ne débloquent pas, la FIPEQ-CSQ entend intensifier ses moyens de pression, ce qui pourrait aller jusqu'à des journées entières de débrayage.