Après les manifestions en marge du G20 durement réprimées par les autorités policières, le mouvement communautaire se questionne et entend continuer à mettre de l'avant différentes manières de s'exprimer. Il souhaite ainsi éviter d'être coulé par des débordements qui réduisent à néant les efforts de protestations.

Catherine Roy-Goyette, une militante de Québec, a discuté avec ses pairs de la nécessité d'entretenir de multiples voies d'actions, mais aussi du besoin d'en revoir certaines autres.

Des échanges se sont amorcés dans les autobus des militants qui s'étaient rendus à Toronto pour manifester. Certains, encore ébranlés par les actions musclées des autorités lors des sommets du G8 et du G20, ont commencé à réfléchir à la suite des choses.

Jean-Yves Joannette, coordonnateur de la Table régionale des organismes volontaires en éducation populaire (TROVEP), a suivi les événements depuis Montréal. Sa conclusion est qu'une fois de plus, des discussions sur l'utilisation de la violence devront se tenir.

Selon lui, après chaque événement du genre, des débats s'engagent sur l'utilisation de la force, mais aussi sur les moyens de mobilisation et sur les capacités d'expression lors de grands rassemblements.

Arrêtée et incarcérée, une étudiante en travail social de l'Université Laval mandatée par Québec solidaire, retire une expérience plutôt traumatisante de ce sommet, où elle a été arrêtée dans un dortoir et soumise à deux fouilles corporelles.

En marge de ce constat très lucide sur les limites de l'expression dans des foules qui ne se contiennent pas toujours, la colère, une impression d'injustice et le désir de poursuivre continuent d'animer les participants.

«Les charges tous azimuts se sont traduites par des abus de pouvoir et des dénis de droits. Présentement, les gens ont plus que jamais le goût de manifester et même de crier encore plus fort», a indiqué Catherine Roy-Goyette.

Cette volonté existe tant chez ceux qui ont échappé à la détention, que chez ceux qui ont été fouillés ou qui ont assisté de loin au tumulte.

Mme Roy-Goyette a dressé un parallèle avec le Sommet de Québec, en 2001, un événement pas très loin dans la mémoire collective, où une démonstration de force avait eu lieu.

«On peut le comparer par le fait que c'était en milieu urbain. Dans les années précédentes, plusieurs pays essayaient d'éviter de le faire dans ce genre d'endroit, justement pour éviter les débordements. À Toronto par contre, le nombre de personnes arrêtées a été beaucoup plus grand», s'est-elle souvenu.

Les organisateurs des sommets ont modifié leurs agendas et les militants ont opté pour une panoplie de moyens pour faire parvenir leurs messages. Des assemblées publiques, des sorties dans la rue, une participation plus active sur les réseaux sociaux et le journalisme citoyen, font partie de l'éventail d'actions.

«La multiplication des voies est toujours discutée et nos méthodes sont très variées, mais il faut quand même songer aux moyens pour éviter les débordements», a affirmé la militante.