La nomination à Rome du cardinal Marc Ouellet n'augure rien de bon pour les droits des femmes, estiment Québec solidaire et la Fédération des femmes du Québec.

Mgr Jean-Claude Turcotte, archevêque du diocèse de Montréal, soutient pour sa part que l'Église québécoise va bénéficier de la présence à Rome d'un prélat aussi influent.

À titre de chef de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Ouellet aura pour tâche de présenter au pape Benoît XVI les noms des futurs évêques de plusieurs endroits à travers le monde, notamment en Amérique latine.

Or, les positions ultraconservatrices de Marc Ouellet concernant l'avortement, l'euthanasie, le mariage gai et l'enseignement religieux vont assurément influencer le choix des futurs évêques, s'inquiète Québec solidaire.

Loin d'être une bonne nouvelle, le départ pour Rome du cardinal Ouellet confirme le grand «vent de droite qui souffle sur l'Église», a dit la leader de la formation de gauche, Françoise David.

Alors que l'Église semble se replier sur ses positions traditionnelles, Mme David redoute la désignation, au Québec, d'un successeur tout aussi inflexible que Mgr Ouellet sur les questions morales.

«Je crains beaucoup qu'il y ait des évêques qui soient nommés au Québec et qui soient des gens extrêmement rigides, très proches des idées de Rome, alors que pendant plusieurs années nous avons eu au Québec des évêques plus conciliants, plus proches des idées modernes», a-t-elle dit.

Pour les femmes, surtout celles d'Amérique latine et du tiers-monde, la nomination de Marc Ouellet est un bien mauvais présage, croit aussi la Fédération des femmes du Québec.

«Le cardinal accède à une position où il pourrait avoir une influence sur la nomination du prochain pape, alors c'est clair que nous n'entrons pas dans une ère progressiste au sein de l'Église catholique», a soulevé la présidente Alexa Conradi.

Entre autres, Mme Conradi craint de nouvelles attaques contre le droit à l'avortement dans les pays où l'Église catholique continue de colorer les politiques publiques.

Mais pour l'archevêque de Montréal, Jean-Claude Turcotte, l'important ministère du Vatican confié au cardinal québécois aura des retombées positives au Québec.

«Je me réjouis. Je pense que ça va aider notre pays d'avoir quelqu'un là-bas qui compte parmi les 10 plus proches collaborateurs du Saint-Père, qui connaît le Québec et qui pourra apporter une meilleure connaissance là-bas des problèmes que nous connaissons ici», a-t-il dit.

Abbé à la paroisse Sainte-Anne-de-Varennes, Raymond Poisson convient que les positions exprimées par Mgr Ouellet ont rendu difficiles ses relations avec la vaste majorité de la population québécoise, y compris les fidèles.

Pourtant, qu'il s'agisse de son opposition très stricte à l'avortement ou au mariage gai, le cardinal n'a fait qu'exprimer les valeurs de l'Église, a-t-il fait remarquer.

«Peut-être que Mgr Ouellet n'a pas eu la meilleure occasion, ou le meilleur tact possible, pour rappeler des positions fondamentales de l'Église par rapport à l'euthanasie ou à l'avortement», a prudemment avancé l'abbé.