La forêt continue de brûler à proximité du village de Wemotaci, en Haute-Mauricie. Il était toujours possible de s'y rendre jeudi, mais devant l'ampleur du brasier, la sécurité civile a interdit l'accès à la réserve. Le séjour des 1300 sinistrés à La Tuque pourrait se poursuivre au-delà de la fin de semaine.

Au coeur de l'école secondaire Champagneur, le point de ralliement des sinistrés, des vêtements s'amoncellent sur une dizaine de tables. Les membres de la communauté arrivent au bout de leurs réserves et la Croix-Rouge déploie une aide d'urgence.

 

«Nous sommes allés chercher du lait pour les bébés hier soir, parce que les mères n'avaient pas pensé devoir rester ici aussi longtemps», raconte Yvon Dubé, un membre de la communauté.

Parmi ces mères, il y a Carole-Anne Niquay. Elle est seule à La Tuque avec ses quatre enfants de moins de 7 ans. Son mari, travailleur forestier, est resté à Wemotaci pour protéger la réserve.

«Ce n'est pas facile. Heureusement, il y a beaucoup d'entraide. Les gens de ma communauté m'aident avec les enfants», commence-t-elle avant de s'interrompre.

Alex, son fils de 2 ans, a profité de l'inattention de sa mère pour déverrouiller la poussette dans laquelle dort son frère Keenan, 10 mois. Le landau se replie sur lui-même et tombe à la renverse. Malgré la commotion autour de lui, le bébé n'ouvrira qu'un oeil.

«Il est habitué maintenant. Il y a beaucoup de bruit ici», lance sa mère.

Un coup de main

Quelques minutes plus tard, Carole-Anne apprend qu'elle aura un coup de main supplémentaire. La responsable du CPE Premiers Pas vient annoncer au micro qu'elle a réuni une équipe qui prendra en charge les enfants de 2 à 7 ans tous les après-midi, jusqu'à la fin de la crise.

Comme le deuxième étage de la garderie est vide, elle assure qu'il y a suffisamment de place pour une soixantaine d'enfants. Des bénévoles viendront lui prêter main-forte. Elle suggère aussi aux mères de poupons de venir y faire la sieste avec leur enfant.

«Les enfants vivent un stress de voir leurs parents regarder l'état de la situation à la télévision toute la journée. Ce n'est pas organisé ici pour eux. Nous allons permettre aux parents de ventiler entre eux sans rendre les enfants nerveux», explique Christiane Morin, directrice générale du CPE.

Un service d'aide psychologique est aussi offert aux sinistrés. Les dommages matériels sont limités dans le village, mais la perte de kilomètres de forêt tout autour affecte les sinistrés. «Mon mari travaille dans la forêt, explique Carole-Anne. Où va-t-il aller travailler?»