Les Inuits du Canada ont exhorté mercredi le gouvernement d'Ottawa à décider un moratoire des forages pétroliers et gaziers dans l'Arctique, estimant que la marée noire dans le golfe du Mexique imposait de revoir les mesures de sécurité existant sur les plateformes du Grand Nord.

«Les conséquences dramatiques et destructrices de la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique soulignent les risques environnementaux et les défis d'ingénierie associés à l'exploration et la production offshore», a écrit au premier ministre canadien Stephen Harper la principale organisation nationale d'Inuits, Inuit Tapiriit Kanatami, dans une lettre consultée par l'AFP.

L'association remarque que dans l'Arctique, les risques d'accidents sont «bien plus grands», en raison «des conditions climatiques difficiles», «de la présence de glace annuelle ou vieille de plusieurs années» ou encore du manque d'infrastructures.

En conséquence, les Inuits canadiens demandent à M. Harper d'ordonner «une pause immédiate (...) des forages dans la Mer de Beaufort (nord-ouest du Canada) afin de faire le point sur les risques environnementaux».

Les fonds marins de l'Océan Arctique pourraient receler 13% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel non découvertes de la planète, selon l'agence américaine de recherche géologique.

Et pour la présidente de l'organisation inuit, Mary Simon, Ottawa doit rapidement adopter «des mesures de protection de l'environnement supplémentaires répondant aux problèmes uniques de l'Arctique».

Mme Simon demande également que l'exploitation d'hydrocarbures permette d'améliorer les conditions de vie des Inuits -plus pauvres que les autres Canadiens- et s'inscrive dans un projet plus large de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Affirmant que le Canada dispose dans ce domaine «des meilleurs règles dans le monde», le ministre des Ressources naturelles, Christian Paradis, a indiqué mercredi à la Chambre des Communes qu'«aucun projet n'ira plus loin tant que le gouvernement n'aura pas la conviction que l'environnement est protégé».