Le hidjab, le turban sikh, la kippa et même la petite croix accrochée au cou devraient être interdits dans les postes clés de l'État, estime la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

La centrale syndicale juge que le projet de loi 94 sur les accommodements raisonnables est «vide de sens» et «n'apporte rien de nouveau», sauf en ce qui a trait au niqab et à la burqa.

Or, selon la présidente Claudette Carbonneau, proscrire le voile intégral islamique ne suffit pas, loin s'en faut.

Non seulement les communautés musulmanes et immigrantes mais tous les citoyens, y compris la majorité chrétienne de vieille souche, doivent faire leur part pour assurer la neutralité de l'État, pense la leader syndicale.

«C'est autant la croix que le voile ou un autre signe religieux», a tranché Mme Carbonneau, en point de presse, à l'issue de son audition devant la commission parlementaire qui étudie le projet de loi de la ministre de la Justice, Kathleen Weil.

En outre, la présidente de la centrale a invité les parlementaires à poser un geste concret en faveur de la laïcité en décrochant le crucifix qui surplombe l'Assemblée nationale depuis 1936.

«Qu'il y ait des croix à l'Assemblée nationale, je n'ai pas de problème avec ça (mais) qu'on les mette ailleurs», a résumé Mme Carbonneau, remettant en cause la présence de ce symbole chrétien qui trône au dessus du siège du président de l'assemblée.

Aux yeux de la syndicaliste, la neutralité du Québec en matière de religion implique l'interdiction de tout signe religieux pour les représentants de l'Etat qui transigent avec la population ou qui occupent des fonctions «d'autorité ou de modèle».

Il en va, selon Mme Carbonneau, de la confiance des citoyens envers l'État.

«Je pense que les citoyens sont en droit d'avoir une absolue confiance dans l'objectivité des services qui leur sont offerts», a-t-elle valoir.

La centrale, qui représente 300 000 salariés, considère en effet que le port de signes religieux visibles est «une communication des convictions religieuses» qui n'a pas sa place dans les relations de l'État avec les citoyens.

Parmi les fonctions pour lesquelles le port de signes religieux devrait être strictement interdit figurent la police, la magistrature, la garde des détenus, l'enseignement et même les services de garde.

Dans le cas des garderies, une tendance inquiétante se dessine, a soulevé Mme Carbonneau.

«On a vu des cas de CPE où c'était l'immense majorité des éducatrices qui étaient voilées. Ça pose des questions sur l'accès aux services et tu te demandes si le modèle présenté aux enfants est équilibré», a-t-elle relevé.

Afin de garantir et de baliser la neutralité de l'État, la CSN propose, à l'instar du Parti québécois, l'adoption d'une charte de la laïcité.

«Il ne s'agit pas de s'écarter du modèle de l'accommodement raisonnable qui doit continuer d'exister, mais de définir collectivement ce que représente (...) la limite raisonnable dans une société laïque comme la nôtre», souligne le mémoire de la centrale syndicale.