La conférence de Montréal sur la sécurité aérienne s'est achevée jeudi sur des progrès dans les échanges d'information mais a refusé à l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) l'arme absolue: le retrait des codes internationaux aux compagnies à risque.

L'OACI, agence technique de l'ONU qui réunit 190 Etats, espérait se doter de nouveaux outils pour inciter les Etats défaillants en matière de sécurité à se conformer aux normes internationales.

Mais les délégués de 150 Etats venus à cette réunion ont rejeté un projet de recommandation proposant d'octroyer au conseil de l'OACI le pouvoir de retirer leurs codes d'identification aux compagnies des pays qui causent «des préoccupations significatives en matière de sécurité» aérienne, ce qui serait revenu à les interdire de vol.

«Personne n'était en désaccord avec le fait que l'on ne devrait pas permettre à une entreprise de poursuivre ses activités lorsqu'elle pose une menace grave», a indiqué à l'AFP Nancy Graham, directrice du bureau technique dit de «navigation aérienne» de l'OACI, à l'issue de la réunion.

Toutefois, «les Etats ne veulent pas que l'OACI devienne un régulateur», ils veulent qu'elle leur laisse «leur responsabilité de supervision de l'industrie», a-t-elle ajouté.

En revanche, la conférence a marqué des progrès en matière de transparence, l'un des grands objectifs de l'OACI.

Le public doit avoir accès aux renseignements pertinents sur la fiabilité des compagnies aériennes et pouvoir choisir son transporteur en connaissance de cause, ont conclu en substance les délégués.

L'assemblée de l'OACI, prévue à l'automne à Montréal, devrait «examiner la possibilité de partager avec le public l'information concernant les pays (une douzaine) qui présentent une menace grave», a dit Mme Graham.

Dans la pratique, il s'agirait de diffuser plus largement des informations sur les compagnies figurant sur les différentes listes noires ou risquant de s'y trouver à cause de manquements en matière de sécurité.

Il s'agit d'un tournant dans la politique de l'OACI: contrairement à la Commission européenne, l'organisation a toujours refusé jusqu'ici d'établir une liste noire des compagnies ou des Etats manquant à leurs obligations en matière de sécurité, affirmant que ce n'est pas sa mission et que les Etats-membres ne lui en ont pas donné le mandat.

Sa nouvelle démarche s'inscrit dans la stratégie de la communauté internationale en vue de créer un système mondial d'échanges de renseignements sur la sécurité aérienne.

L'Association du transport aérien international (IATA), l'OACI, l'aviation civile américaine (FAA) et la Commission de l'Union européenne (UE) ont signé mercredi à Montréal une déclaration d'intention à cet effet. Ce projet devrait être approuvé lors de la prochaine assemblée, du 28 septembre au 8 octobre.

«Cette nouvelle approche nous permettra de mieux identifier et combattre des risques pour la sécurité avant qu'ils ne provoquent des accidents», a déclaré Roberto Kobeh Gonzalez, président du Conseil de l'OACI, cité dans le communiqué.

Les délégués ont demandé également que les enregistreurs de vol - les boîtes noires - soient perfectionnés pour être plus faciles à retrouver après un accident en augmentant la durée de leurs piles et donc de leur signal radio, leur résistance aux chocs et leur flottabilité.

Les recommandations concernant les enregistreurs de vol font suite à l'accident du vol Air France 447 Rio-Paris, le 1er juin 2009, qui reste inexpliqué. Les recherches des boîtes noires, immergées dans l'Atlantique, ont jusqu'ici échoué.