Si un séisme ou une catastrophe frappait le Québec, toutes les données informatiques touchant les contribuables québécois se retrouveraient immédiatement entreposées... aux États-Unis.

Le Centre de services partagés du Québec a, depuis plusieurs années, conclu un contrat avec une multinationale de l'informatique pour que les banques de données du ministère du Revenu et de plusieurs autres organismes québécois se retrouvent rapidement stockées chez nos voisins du Sud en cas de catastrophe.

La Presse a obtenu l'appel d'offres lancé l'an dernier pour la «relève informatique des services essentiels de centres informatiques». Le Centre de services partagés fait même deux tests par année pour vérifier le bon fonctionnement

de ce système.

Dans la foulée du Patriot Act, adopté par l'administration Bush après les attentats du 11 septembre 2001,

la Sûreté du Québec a toutefois opté pour un autre système : les données de la police peuvent se retrouver en dehors du Québec - en Ontario, par exemple - mais jamais aux États-Unis. Le Patriot Act, destiné à enrayer le terrorisme, permet à l'administration américaine de pénétrer sans entrave dans tout système informatique sur son territoire sans avoir à fournir d'explications.

Périodiquement, des intervenants québécois s'inquiètent des conséquences de cette mesure. Quand General Dynamics avait acheté la québécoise Expro, par exemple, on s'est interrogé sur les conséquences qu'aurait le transport aux États-Unis des dossiers des employés.

Pour la «relève informatique», le gouvernement du Québec paie plus de 20 000 $ par mois à Sungard Availability Services, une multinationale qui a pignon sur rue à Montréal.

Joint hier, Daniel Albert, responsable du contrat à Sungard, insiste : les données concernant les contribuables québécois ne se trouvent pas en permanence aux États-Unis.

C'est en cas de cataclysme seulement que les données, conservées sur rubans, seraient transportées de Toronto, où sont stockées les copies de sauvegarde, vers Constat, au New-Jersey (un endroit utilisé dans la panique du 11 septembre), Philadelphie ou Denver, explique M. Albert.

«Les données ne sont pas en permanence aux États-Unis. Le CSPQ fait ses copies de sauvegarde et les envoie dans un coffre-fort au Canada. L'information se retrouverait aux États-Unis seulement s'il y avait un sinistre.»

«Le client (Québec) pourrait fournir ses services à la population même si ses installations étaient détruites», résume-t-on.

La firme a un peu partout en Amérique du Nord des appareils capables de lire les données des clients. Dans cette logique, des tests sont faits régulièrement - deux ou trois fois par année -, mais ces rubans «témoins» ne contiennent qu'une partie des données.

On s'en sert seulement pour vérifier la capacité du système à lire la totalité des bandes si le besoin s'en faisait sentir. Et quand ces rubans se retrouvent aux États-Unis, il y a toujours des employés du gouvernement du Québec pour s'assurer du respect de la confidentialité.