La popularité du casque de sécurité «plafonne» depuis plusieurs années auprès des cyclistes québécois.

Pour la première fois depuis le début des années 2000, la proportion des cyclistes qui portent un casque a fléchi de 0,7% entre 2006 et 2008 pour s'établir à 36,5%, selon une enquête réalisée par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ).

À un dixième de point près, c'est le même pourcentage qu'en 2004, selon les données de la SAAQ. Malgré les campagnes de sensibilisation, près des deux tiers des cyclistes québécois demeurent donc réfractaires au port du casque, en particulier les adolescents et les jeunes adultes.

 

Selon Lyne Vézina, directrice des études et des stratégies en sécurité routière de la SAAQ, «ce plafonnement démontre peut-être que la stratégie actuelle de sensibilisation a atteint ses limites et qu'il faut envisager de nouvelles avenues si l'on souhaite que le port du casque s'étende à un plus grand nombre de cyclistes».

Dans un entretien avec La Presse, cette semaine, Mme Vézina a rappelé que la ceinture de sécurité n'a été adoptée par les automobilistes qu'après qu'on l'eut rendue obligatoire. «C'est un constat, a toutefois tenu à préciser Mme Vézina. Nous n'en avons pas fait une recommandation au gouvernement.»

Suzanne Lareau, présidente de Vélo Québec, estime pour sa part que le port du casque «n'est pas vraiment une donnée significative pour juger de la sécurité de la pratique du vélo».

Le bilan routier est un bien meilleur indicatif sur ce point, estime-t-elle. «Et quand on regarde les données, en 2008, par rapport à la moyenne des années précédentes, on voit une très nette amélioration du bilan routier des cyclistes dans toutes les catégories.»

En 2008, le nombre d'accidents impliquant au moins un vélo a chuté de 17% par rapport à la période 2003-2007. Le nombre de blessés légers a connu une diminution semblable. Le nombre de blessés graves (116) a baissé de 29%, et il y a eu 12 morts, une diminution de 28% par rapport aux années précédentes. «Le port du casque n'a rien à y voir, selon la présidente de Vélo-Québec. Le bilan routier s'est amélioré aussi pour les automobilistes et les piétons parce qu'on s'est attaqué à une des principales causes d'accidents: la vitesse.»

Vélo Québec, rappelle Mme Lareau, n'est pas contre le port du casque, mais s'oppose à ce qu'on le rende obligatoire. «À notre avis, la question du casque escamote les vrais enjeux de la sécurité à vélo. Pour nous, c'est l'environnement du cycliste qui doit être rendu plus sécuritaire, par des aménagements conçus pour réduire la vitesse des automobiles, par exemple.

Au mois de janvier, l'organisme a d'ailleurs produit un mémoire en ce sens devant une commission parlementaire qui se penchait sur le projet de loi 71, qui prévoit plusieurs mesures liées à la sécurité routière, notamment sur l'alcool au volant. Un de ses articles, moins connu, énonce que les municipalités pourront rendre le port du casque protecteur obligatoire pour les cyclistes de 12 ans et moins.