En voulant se défendre des prises de position controversées affichées par Gérard Latulippe, le nouveau président de Droits et Démocratie, le ministre des Affaires étrangères Lawrence Cannon a déclaré que cet organisme se doit de suivre les politiques internationales de son gouvernement.

Pourtant, Droits et Démocratie est un organisme indépendant. Son unique lien avec Ottawa, en temps normal, se limite au fait que c'est le gouvernement fédéral qui nomme les membres de son conseil d'administration ainsi que son président.

Or, depuis quelques mois, on a appris que des membres de ce conseil, nommés par le gouvernement Harper, poussaient l'organisme à s'éloigner de toute organisation qui aurait critiqué Israël. Les tensions que pareille manoeuvre a créées ont conduit, entre autres, à la mise à pied de trois cadres de Droits et Démocratie. Ces cadres se plaignaient d'ingérence politique.

En 2006, M. Latulippe a écrit, dans un mémoire soumis à la Commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d'accommodements, que le Québec reçoit trop d'immigrants provenant de pays musulmans.

Et M. Latulippe a fait un lien entre cette immigration, trop nombreuse d'après lui, et l'émergence d'un terrorisme «made in Québec».

Lorsque M. Cannon a été forcé, à la sortie d'un comité parlementaire, mardi, de commenter cette prise de position de M. Latulippe, il a répondu que «M. Latulippe a l'obligation de respecter les engagements pris internationalement par le gouvernement du Canada et les politiques, évidemment, qui en découlent.»

M. Cannon a également étendu cette obligation à l'ensemble de l'organisme, pourtant indépendant.

Quant à répondre du fait qu'il a nommé M. Latulippe, malgré les protestations de l'opposition, M. Cannon s'est contenté de rappeler que «la loi m'oblige de consulter, la loi ne m'oblige pas de mettre nécessairement en application le résultat».

Le ministre Cannon a nommé M. Latulippe le 2 mars dernier.