Rejetant les accusations d'intimidation et de favoritisme, le représentant syndical Bernard Gauthier se félicite au contraire d'avoir monté un système de placement «innovateur» où employeurs et travailleurs de la Côte-Nord trouvent leur compte.

Après le directeur général de la FTQ-Construction lundi, c'était au tour de M. Gauthier de répondre à ses détracteurs, mercredi matin, lors d'une conférence de presse tenue à Sept-Îles.Entouré de nombreux travailleurs qui l'ont applaudi à quelques reprises, M. Gauthier a, dans un langage fort coloré, affirmé que le système mis sur pied par le syndicat permet aux entrepreneurs d'embaucher les meilleurs travailleurs de la région, et à des travailleurs autochtones et anglophones de trouver de l'emploi.

«On a innové dans notre manière de faire, a lancé M. Gauthier. Ça, ça dérange bien du monde parce que tout le monde pensait qu'on allait brasser la cage. On n'a pas besoin de le faire. Ce que j'ai à faire est de garantir la main-d'oeuvre, et les gars remplissent la job. Ça fait que les gars du 791, c'est le summum sur la Côte-Nord. Tu veux les meilleurs, appelle-moi, pas de problème. Dis-moi ce que tu veux et je vais te l'envoyer. Y a pas une loi qui m'empêche de faire ça. Pas une.»

Du même souffle, il se dit ouvertement contre la mobilité des travailleurs d'une région à l'autre. «On défend les pères de famille qui travaillent sur la Côte-Nord. C'est du monde de la Côte-Nord qui paie mon salaire. C'est à eux autres que j'ai des comptes à rendre. Pas à l'émission Enquête.»

Comme Richard Goyette la veille, il a répliqué point par point aux personnes qui ont parlé à visage découvert à l'émission Enquête et a annoncé que des mises en demeure seraient éventuellement envoyées, sans préciser à qui.

Les employeurs d'accord?

Dans une lettre ouverte envoyée mercredi, quatre associations patronales du domaine de la construction ont de leur côté réclamé la centralisation du placement. «Le placement de la main-d'oeuvre sur les chantiers, tel qu'il se fait présentement, est un problème structurel et une intervention s'impose sur le fondement même de cette pratique», lit-on dans cette lettre signée par l'Association de la construction, l'Association des constructeurs des routes et grands travaux, l'Association des entrepreneurs en construction et l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec.

«Parler de placement des travailleurs, c'est voir à leur embauche, à leur affectation et aussi à leur mise à pied, poursuit-on. En permettant aux responsables des syndicats de s'immiscer dans cette tâche, ceux-ci interviennent par le fait même dans la gestion quotidienne des entreprises.»

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CSST: LA FTQ-CONSTRUCTION N'A PAS TOUT DIT

Lundi, le directeur général de la FTQ-Construction, Richard Goyette, s'est longuement attardé aux relations de son syndicat avec Jean-Yves Lepage, ingénieur d'Aecon qui a eudes démêlés avec le syndicat. Il a souligné les nombreux blâmes dont M. Lepage et Aecon ont fait l'objet. Des 92 avis de dérogation concernant les dangers de chute en hauteur rendus par la CSST entre mai 2002 et février 2005, 26 visaient la firme Aecon. Tous ces détails sont exacts. Mais M. Goyette a omis de lire un autre passage qui n'est pas à l'avantage du syndicat. Ce passage dit ceci: «Il y aussi un manque d'implication des délégués syndicaux dans les analyses d'accidents faites sur le chantier. Plusieurs d'entre eux ne sont pas au courant que cela fait partie de leurs rôles et de leurs responsabilités inclus dans le programme de prévention cadre.» Questionné à ce sujet, le responsable des communications de la FTQ-Construction, Éric Demers, a dit que le syndicat cautionnait le rapport.