La région de la Côte-Nord présente un problème particulier en matière d'intimidation dans les chantiers de construction. Il en émane plus de plaintes que de tout le reste du Québec, révèlent les statistiques de la Commission de la construction.

Pas moins de neuf plaintes ou constats d'infraction sont venus des chantiers de cette région depuis un an, comparativement à sept pour tout le reste du territoire.

 

«On voit qu'il y a un problème particulier sur la Côte Nord, personne ne s'en cache. On aura encore trois inspecteurs là-bas la semaine prochaine», explique André Martin, conseiller en communications de la CCQ.

Dans le chantier lancé par Hydro sur la rivière Romaine, neuf plaintes font l'objet d'une enquête, toujours pour intimidation, menaces ou discrimination à l'embauche. La CCQ a rencontré depuis trois mois plus d'une centaine de personnes, et déjà il appert que la majorité de ces plaintes se révéleront fondées. «La majorité vont déboucher sur des poursuites», a dit M. Martin. «On va contrer le phénomène, on va sortir les gens qui ne sont pas corrects», a-t-il assuré.

Au Québec, il est interdit aux syndicats de forcer l'embauche de leurs membres, et aux employeurs de forcer l'embauche de leurs salariés. Les sanctions sont lourdes: elles peuvent atteindre 13 000$ d'amende et priver un représentant syndical de son droit d'exercice pendant cinq ans.

Au chantier du Lac Bloom, un chantier minier, trois constats d'infraction ont été signifiés à autant d'individus, qui seront poursuivis à la demande de la CCQ. L'un d'eux vise Bernard Gauthier, permanent de la FTQ que les reportages récents de Radio-Canada ont dépeint comme un fier-à-bras. Dans un cas, on relève qu'un délégué de chantier avait un casier judiciaire, ce qui aurait dû lui interdire cette responsabilité.

M. Gauthier a plaidé non coupable aux accusations et explique qu'il s'agit d'une vendetta de la CSN.

En dépit des problèmes apparus au chantier de la Romaine, le patron d'Hydro, Thierry Vandal, se dit satisfait de la situation dans les chantiers de la société d'État.

Hydro-Québec réagit

Interpellé hier, le président d'Hydro a insisté: Hydro ne ferme jamais les yeux et agit promptement pour stopper les gestes illégaux qu'on lui signale dans ses chantiers: «Nos règles sont très claires. Les ouvriers doivent s'engager par écrit à les respecter. Nous avons des enquêteurs sur place dès qu'un cas nous est rapporté, et il y a des expulsions.»

«Dans les chantiers d'Hydro, on s'assure qu'il y ait une paix sociale. Cela fonctionne: on voit que Péribonka a été livré avant les délais. À Eastmain 1 et dans la dérivation de la Rupert, dans les grands chantiers, la paix sociale existe», a insisté le patron d'Hydro.