Le bilan des morts et des hospitalisations liées à la pratique de la motoneige est proportionnellement deux fois plus élevé au Québec qu'en Ontario, et ce, depuis le début des années 90, selon un rapport de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

En comparant le nombre de morts enregistré dans chaque province en regard du nombre de motoneiges immatriculées, l'INSPQ révèle que, dans les années 90, le taux de mortalité pour 100 000 véhicules était 2,2 fois plus élevé au Québec qu'en Ontario et jusqu'à 2,4 fois entre 2002 et 2006.

«Une saison de motoneige plus courte en Ontario ne peut expliquer à elle seule cet écart entre les deux provinces, selon le document de l'Institut. D'autres explications pourraient provenir de la configuration des sentiers, qui est différente en Ontario, ou d'une application plus stricte de la réglementation.»

Le mémoire a été produit en vue des consultations d'une commission parlementaire en cours à Québec sur l'avenir de véhicules hors route (VHR).

Selon l'INSPQ, au moins deux des propositions avancées au cours de ces consultations, qui visent à faciliter la circulation des motoneiges et des véhicules tout-terrain sur les voies publiques, «sont susceptibles d'augmenter la fréquence des accidents».

«Il ne faudrait donc pas, estime l'INSPQ, assouplir les règles pour utiliser les emprises d'autoroutes, et accroître la dérogation permettant d'augmenter de 500 mètres à 1 km les autorisations de circuler sur les voies publiques», comme le suggère le Rapport sur les véhicules hors route (VHR) produit par ces tables de concertation régionales.

Aussi risqué que la motocyclette

«La pratique du VHR, estime l'Institut, est une activité à risque qui se situe pour la motoneige au même niveau que la motocyclette. Les décès associés aux VHR sont la première cause de décès liés aux activités sportives et récréatives et la seconde cause en ce qui concerne les hospitalisations.»

Depuis le début des années 90, le nombre de morts liées à la motoneige est sensiblement le même au Québec et en Ontario. Selon l'INSPQ, 516 personnes ont perdu la vie dans un accident de motoneige au Québec entre 1990 et 2006, contre 536 en Ontario.

Ces comparaisons sont toutefois boiteuses parce qu'elles ne tiennent pas compte du nombre de VHR en circulation: il y a presque deux fois plus de motoneiges immatriculées en Ontario qu'au Québec, et trois fois plus de VTT au Québec que dans la province voisine.

Le taux de décès ou d'hospitalisation dus aux accidents de VTT au Québec est d'environ 1,5 fois celui de l'Ontario, a estimé l'INSPQ.

Globalement, les accidents de motoneige et de VTT au Québec sont aussi à l'origine de près de 1200 hospitalisations par année, en moyenne, depuis 10 ans.

«Les coûts des décès et des blessures en VHR n'ont pas été quantifiés au Québec», souligne l'Institut, qui estime qu'une telle donnée permettrait de mieux jauger les impacts de ces activités récréotouristiques au Québec.

Selon l'INSPQ, une étude américaine récente estime à 4,38 milliards de dollars les coûts de santé associés aux 1086 morts causées aux États-Unis par des accidents de VTT en 2005.

Ce calcul, appliqué à la moyenne annuelle de 58 morts liées aux VHR au Québec, donnerait une somme annuelle de 234 millions.

DÉCÈS EN MOTONEIGE

Taux par 100 000

véhicules immatriculés

 

            QUÉBEC         ONTARIO

2000       14,1                7,2

2001       18,7                8,7

2002       18,5                7,5

2003       25,4                8,4

2004       19,8                9,3

2005       26,0                8,2

2006       13,6                9,5

MOYENNE 19,4                8,4