Les Jeux olympiques ont-ils cimenté l'unité canadienne ou ont-ils ravivé la flamme nationaliste au Québec? Un peu des deux, suggèrent des sondages réalisés dans les derniers jours.

Une première enquête démontre que la proportion de Québécois qui se disent «nationalistes canadiens» a grimpé en flèche. Mais selon un autre sondage, le tiers de la population souhaite que la province ait sa propre délégation olympique.

Juste après la fin des Jeux, la firme Ipsos-Reid a sondé un peu plus de 1000 Canadiens pour le compte de l'Institut Historica-Dominion, organisme établi à Toronto qui s'intéresse aux questions de citoyenneté. Elle avait fait le même exercice il y a un an.

Le résultat indique que Vancouver 2010 a provoqué chez les Québécois un sursaut d'affection pour le Canada: 63% des répondants du Québec se considèrent maintenant comme des «nationalistes canadiens», une hausse de 15 points par rapport à l'année dernière. Et 86% disent avoir «un fort sentiment d'appartenance au Canada», 8 points de plus qu'il y a un an.

Le vice-président de l'Institut, Marc Chalifoux, estime que la tenue des Jeux de Vancouver est la principale explication du phénomène.

«Ça a été une manifestation médiatique sans précédent au Canada et au Québec, indique-t-il. Le Canada a été l'hôte du monde entier. Les athlètes canadiens ont eu des performances au-delà des attentes de plusieurs Canadiens. Donc je pense qu'il y a eu une sorte de fierté, de sentiment national qui s'est manifesté.»

Les Jeux de Vancouver ont pourtant débuté dans la controverse au Québec. Plusieurs voix se sont levées pour dénoncer la faible place réservée au français dans les cérémonies d'ouverture. Mais les exploits de Joannie Rochette en patinage artistique, d'Alexandre Bilodeau dans les bosses et de Charles Hamelin en patinage de vitesse courte piste semblent avoir fait oublier la grogne.

«Il y a différents sentiments d'appartenance, mais l'idée qu'un sentiment nationaliste canadien est impossible au Québec est infirmée par les résultats, qui semblent dire qu'il y a un terrain qui peut être assez fertile, avance Marc Chalifoux. Il reste à voir si ce sentiment va durer.»

Une équipe olympique québécoise

Pendant ce temps, une enquête Léger Marketing menée pour l'Association des études canadiennes indique que près du tiers des Québécois, 29%, souhaitent que le Québec envoie sa propre délégation aux Jeux olympiques. Le sondage a été mené la semaine dernière auprès de 1500 Canadiens, dont 400 Québécois.

Selon le directeur de l'organisme, Jack Jedwab, les deux sondages démontrent bien l'ambivalence des Québécois au moment des Jeux olympiques. Les données lui rappellent les propos d'Yvon Deschamps, qui blaguait sur «un Québec fort dans un Canada uni».

«Il y a quand même un fort attachement au Canada qui peut se manifester au Québec dans certaines périodes, souligne-t-il. Même chez ceux qui votent oui dans un référendum.»

Il reste à savoir, selon lui, si l'affection des Québécois pour le Canada se maintiendra une fois la fièvre olympique passée.

«C'est une question de "feeling", et c'est ça le "feeling" du moment, fait-il valoir. Il faudra reposer la question le 24 juin.»