Les rues de Montréal seront prises d'assaut par 50 000 fonctionnaires en colère, le 20 mars, selon ce que projette le Front commun intersyndical des employés de l'État.

Les dirigeants syndicaux des fonctionnaires croient que le processus de négociation avec le gouvernement en sera alors rendu à une phase critique.

Les deux parties ont convenu de tenter de conclure une entente d'ici le 31 mars, date d'échéance des décrets des présentes conventions collectives régissant les salaires et conditions de travail des 475 000 employés des secteurs public et parapublic.

En entrevue à La Presse Canadienne, lundi, une porte-parole du front commun, Lucie Martineau, qui préside le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), a jugé que la négociation avait fait bien peu de progrès depuis le début.

Elle déplore que l'employeur, jusqu'à maintenant, reste campé sur ses positions. «L'écart est assez grand et on commence à être inquiets», confie Mme Martineau.

De façon générale, la leader syndicale reproche surtout au gouvernement de ne jamais lever le petit doigt pour prendre la défense de ses employés, qu'il traite parfois «d'une façon assez grossière».

«Les gens en ont ras-le-bol dans les ministères et organismes», dit-elle.

Dans ce contexte, le front commun est bien conscient, ajoute Mme Martineau, que la bataille de l'opinion publique est loin d'être gagnée, les employés de L'Etat étant souvent perçus comme les enfants gâtés du système, avec une sécurité d'emploi blindée.

«La fonction publique a mauvaise presse, reconnaît-elle, et c'est vrai que le gouvernement n'a jamais rien fait pour la défendre.»

Elle reproche particulièrement à celle qui préside les négociations pour la partie patronale, la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, de ne jamais répliquer aux attaques ponctuelles entendues contre les fonctionnaires.

Depuis janvier, les deux parties se rencontrent régulièrement, à raison d'une fois par semaine.

Les autobus sont déjà réservés pour faire converger les syndiqués de tous les coins du Québec vers Montréal le 20 mars. La manifestation monstre, qui vise à la fois à mobiliser les troupes et servir d'avertissement au gouvernement, culminera devant les bureaux du premier ministre Jean Charest.

Les activités de mobilisation «vont aller en crescendo», dit la porte-parole, et se poursuivront après le 31 mars, au besoin.

Dans un premier temps, le 22 février, à Québec, on attend 3500 délégués des différentes instances syndicales, pour faire le point et manifester devant le parlement.

Les augmentations de salaire constituent un des principaux enjeux de la négociation et en seront assurément le principal point de friction.

Les leaders syndicaux sont prêts à «susciter cette mobilisation» des troupes, en vue d'accentuer la pression sur le gouvernement.

Mme Martineau a dit espérer que Québec n'était pas déjà en train de rédiger des projets de décrets, en cas d'échec des négociations, comme la dernière fois.

«Ce ne serait pas à son avantage», a-t-elle dit.

Québec offre sept pour cent sur cinq ans, tandis que les syndicats demandent 11,25 pour cent d'augmentations salariales pour un contrat de trois ans.

La masse salariale constitue déjà 55 pour cent du budget de l'Etat, aux prises avec une marge de manoeuvre financière presque nulle et un déficit de plusieurs milliards de dollars pour les années à venir.

Malgré le peu de résultats obtenus à la table de négociations, la présidente du SFPQ croit toujours possible de respecter l'échéance du 31 mars.