Le maire actuel de Sault-Sainte-Marie, John Rowsell, présente ses excuses à tous les francophones du Canada, 20 ans après l'adoption par sa municipalité d'une résolution qui en faisait une ville unilingue, ce qui avait causé tout un remous à l'époque.

«C'était une grave erreur, a admis à Radio-Canada le maire Rowsell. Je veux présenter mes excuses à toute la communauté francophone, partout au Canada.»

 

Son prédécesseur, Joe Fratesi, à l'origine de la résolution et de la pétition de 25 000 noms qui l'avait sous-tendue, travaille toujours à la ville de Sault-Sainte-Marie. Il n'a pas accordé d'entrevue.

Jointe par téléphone, Suzanne Salituri, qui est commissaire scolaire, est ravie des excuses présentées par le maire Rowsell. «Dans le temps, je me souviens que j'avais eu tellement honte de ma communauté!»

Aujourd'hui, dit-elle, tout a changé. «L'ambiance est nettement plus positive. Nous attendons par exemple avec impatiente l'ouverture d'une grande école francophone en 2011.» Mariette Carrier-Fraser, présidente de l'Association de la francophonie de l'Ontario, salue elle aussi l'initiative de M. Rowsell. Originaire de Sault-Sainte-Marie, Mme Carrier-Fraser était à l'époque sous-ministre adjointe responsable de l'éducation en langue française en Ontario. Elle raconte que, après la résolution, elle y était allée de sa modeste résistance. «J'avais invité les fonctionnaires à ne pas organiser de congrès, de conférence ou de réunion à Sault-Sainte-Marie tant que le maire Fratesi serait en poste.»

Cette résolution avait été adoptée parce que le maire voulait s'assurer de ne jamais avoir à offrir de services bilingues dans sa ville. Le plus ridicule, fait observer Mme Carrier-Fraser, c'est que cette résolution défensive était totalement inutile. «Les villes ne sont pas assujetties à la loi ontarienne sur les services bilingues.»

La résolution de Sault-Sainte-Marie avait donné lieu en 1990 à une série de résolutions et de contre-résolutions. Au moins 27 municipalités ontariennes s'étaient officiellement déclarées unilingues, parmi lesquelles Thunder Bay, Augusta et Bathurst.

À l'inverse, 31 municipalités - comme Sudbury, Vanier, Ottawa et Hawkesbury - avaient répliqué en se déclarant officiellement bilingues.