Les usagers d'Urgences-santé de Montréal et de Laval ne sont pas pressés de payer les frais de leur transport ambulancier. Bon an, mal an, l'organisation publique de services préhospitaliers doit se priver de quelque 1,5 million de dollars à cause des mauvais payeurs, a appris La Presse. Cela représente un manque à gagner annuel auprès de 18% de sa clientèle.

L'an dernier, Urgences-santé a réalisé environ 200 000 transports ambulanciers, pour un total de 6,9 millions. De cette somme, le tiers, soit 2,7 millions, reste à percevoir. On a en outre carrément radié 1,2 million, les comptes en souffrance des deux années antérieures, faute de pouvoir récupérer l'argent.

 

Avec un budget annuel d'environ 90,6 millions en 2008-2009, les pertes représentent entre 2 et 3% de l'enveloppe totale de fonctionnement de l'organisation. Le porte-parole d'Urgences-santé, Éric Berry, explique que l'entreprise doit faire affaire avec une agence de recouvrement.

«Notre priorité, et j'insiste là-dessus, consiste à aller aux soins de la personne, dit M. Berry. On doit facturer, oui. Mais notre priorité quand on débarque chez quelqu'un, c'est de soigner et non de dire «Avez-vous de l'argent? Sinon on ne vous transporte pas.»»

Dans la grande région métropolitaine, le tarif de base pour un transport ambulancier est de 125$, plus 1,75$ par kilomètre parcouru. Une personne qui demeure à 10 km d'un hôpital aura donc à débourser environ 142$ pour son transport en ambulance.

Urgences-santé peut toutefois compter sur les revenus générés par les paiements qu'elle reçoit des compagnies d'assurances ou du gouvernement, quand il s'agit d'un accident de la route, d'un transfert commandé par un établissement de santé ou quand l'usager est prestataire d'un programme d'aide sociale, par exemple. Les compagnies d'assurance maladie remboursent en général 80% de la facture, comme pour les médicaments.

Pas gratuit

En 2009, 15,7 millions ont été payés en transport par les établissements du réseau de la santé et des services sociaux, 825 211$ par la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), et 4,1 millions par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, pour un total d'environ 20 millions. «On se fait souvent demander si le transport ambulancier est gratuit, ajoute M. Berry, d'Urgences-santé. Et on répond non, ça coûte tant. Et parfois, oui, des gens décident de se rendre à l'hôpital par un autre moyen, mais comme vous pouvez vous en douter, pas quand il est question d'une crise cardiaque.»

Dans tous les cas de transport de particuliers, la méthode de paiement est la même. Une facture est remise à l'arrivée à l'hôpital, avec un délai de 30 jours pour payer. L'an dernier, il restait 304 733$ à percevoir dans les créances de 30 à 60 jours, 198 844$ dans les créances de 61 à 90 jours et 104 915$ dans les créances de 91 à 120 jours. Résultat: l'organisation a prévu une provision dans la colonne «créances douteuses» de 1 428 499$ en 2009.

 

Transport ambulancier/facturation auprès des particuliers

Total des ventes aux particuliers

2006-2007:

6 876 222$

2007-2008:

6 918 754$

2008-2009:

6 934 554$

Montants radiés pour l'exercice financier courant et années antérieures

2006-2007:

1 315 369$

2007-2008:

1 290 304$

2008-2009:

1 171 536$

Solde du compte à recevoir pour les particuliers à la fin de l'exercice financier

2006-2007:

2 970 700$

2007-2008:

2 747 116$

2008-2009:

2 656 120$

Source: Urgences-santé Québec. Avec la collaboration de William Lecm Leclerc