Au cours des cinq dernières années, l'effectif de la Force régulière de l'armée canadienne n'a cessé de croître pour atteindre 67 756 membres au 31 décembre 2009. Mais, en dépit de cette croissance, les Forces canadiennes continuent à connaître des problèmes de recrutement et de rétention.

Dans un document publié lundi sur son site internet, la Défense nationale annonce que les 67 756 militaires recensés au 31 décembre dernier représentent une hausse de 2505 membres pour une période de 12 mois.

 

De plus, on lit l'affirmation suivante: «En 2006, le gouvernement fédéral a engagé des fonds pour soutenir les FC dans le cadre de l'augmentation de la taille de l'effectif de la Force régulière à 68 000 militaires et celui de la Première réserve à 26 000.» Quelques lignes plus loin, on ajoute que, selon le plan de défense «Le Canada d'abord» annoncé en 2008, la taille des FC devrait atteindre 70 000 membres de la Force régulière et 30 000 membres de la Première réserve d'ici 2028.

Or, ce que le document ne dit pas est qu'au moment du dépôt du premier budget conservateur, le 3 mai 2006, le gouvernement se proposait d'ajouter 13 000 militaires à la Force régulière en cinq ans (donc en 2011). Au moment de cet engagement, la Force régulière était de 62 703 membres. Si on ajoute 13 000 militaires à une Force régulière qui en compte déjà plus de 62 000, on arrive à un total de 75 000 à atteindre en 2011.

Qu'est-ce qui explique qu'on ne parle plus de 75 000 soldats, mais bien de 68 000 à court terme? «Les Forces canadiennes font face aux mêmes défis démographiques que les autres secteurs de l'économie canadienne», répond Jay Paxton, attaché de presse du ministre de la Défense, Peter MacKay, dans un échange de courriels avec La Presse. «La main-d'oeuvre canadienne vieillit et cela crée des taux d'attrition plus élevés dans tous les secteurs de l'économie. Ce n'est pas différent dans les Forces.»

Recrutement neutralisé

En effet, le taux d'attrition a augmenté au cours des dernières années dans les FC et tourne actuellement autour de 9%. La Défense dit qu'il s'est stabilisé, mais il reste que le nombre de départs en 2008-2009 (6217) n'a jamais été aussi élevé.

En mai dernier, la Défense a affirmé que le haut taux d'attrition annulait les efforts de recrutement qui atteignent plus de 95% de leurs objectifs. Ce constat, on le fait encore dans le document publié hier. «Les FC doivent composer avec une hausse soudaine de militaires admissibles à l'obtention d'une pension de service militaire qui se compare au nombre accru de baby-boomers qui prennent leur retraite dans les secteurs public et privé du marché du travail au Canada», affirme-t-on.

De plus, un grand nombre de jeunes qui s'enrôlent quittent l'armée au cours des 12 premiers mois de leur engagement.

Un document interne des FC, daté du 19 juillet dernier, indique que, pour endiguer les départs, l'armée doit offrir des conditions de travail mettant à profit leur potentiel, valoriser les aspirations des membres et prendre davantage soin des familles souvent appelées à se déplacer.

Les prochains chiffres quant à l'état des FC sont attendus à la fin de l'année financière, soit le 31 mars 2010. On verra alors si cette «Stratégie du maintien de l'effectif militaire» aura réussi à renverser la vapeur.

 

EFFECTIF DE LA FORCE RÉGULIÈRE

EN DATE DU / EFFECTIF

à ce jour (1) / 67 756

31 mars 2009 / 65 890

31 mars 2008 / 64 397

31 mars 2007 / 63 716

31 mars 2006 / 62 703

31 mars 2005 / 61 460

31 mars 2004 / 61 394

(1) En date du 31 décembre 2009

 

ARRIVÉES ET DÉPARTS DANS LES FORCES CANADIENNES

ANNÉE FINANCIÈRE(2) / RECRUTEMENT / DÉPARTS / CROISSANCE

2008-2009 / 7701 / 6217 / 1484

2007-2008 / 6716 / 6088 / 628

2006-2007 / 6517 / 5514 / 1003

2005-2006 / 5644 / 4402 / 1242

2004-2005 / 4333 / 4265 / 68

2003-2004 / 4339 / 3933 / 406

(2) 1er avril au 31 mars

Source : Défense nationale