«Les États-Unis prennent leurs responsabilités. C'est maintenant au Canada de le faire.»

Shama Chopra a suivi attentivement le discours de Barack Obama. Le président américain a annoncé hier une série de réformes du renseignement et de la sécurité aérienne en réponse à l'attentat manqué du 25 décembre.

Mme Chopra, qui réside à Dollard-des-Ormeaux, était passagère du vol 253. Deux semaines après avoir frôlé la mort, la femme de 54 ans multiplie les entrevues pour exiger une plus grande sécurité dans les aéroports. Aux États-Unis, mais aussi partout dans le monde.

 

«Le terrorisme est un problème qui concerne toutes les nations, pas seulement les États-Unis, a dit Mme Chopra. Barack Obama a réagi. Stephen Harper doit aussi le faire.»

Le gouvernement canadien a annoncé cette semaine l'installation de scanners corporels dans les aéroports internationaux du pays. Les agents de sécurité des aéroports vont également recevoir une formation pour apprendre à décoder le langage non verbal des passagers.

Ces mesures sont intéressantes, mais insuffisantes, estime Shama Chopra, encore secouée par son expérience. Elle aimerait un jour voir des policiers à bord de tous les vols à destination du Canada. Elle souhaite aussi que les autorités canadiennes resserrent les contrôles, comme c'est le cas aux États-Unis.

«Mon gouvernement ne semble pas préoccupé par l'attentat du 25 décembre, dit-elle. Depuis mon retour, aucun officiel canadien ou québécois n'a pris contact avec moi pour connaître ma version.»

Canada au diapason

Le Canada va vraisemblablement adopter les mêmes mesures de sécurité que les États-Unis, selon Barthélémy Courmont, titulaire par intérim de la chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM.

«Les pays qui ont des grands échanges de personnes avec les États-Unis vont être forcés de se mettre au diapason des mesures américaines, dit-il. C'est ce qui s'est passé après le 11 septembre 2001, et c'est encore ce qui va se passer.»

Barack Obama a énuméré hier des champs d'action, dont la nécessité d'enquêter sur toutes les pistes de menace. Il a aussi exigé un renforcement des critères des listes de personnes à risque. Le président mise également sur les nouvelles technologies de surveillance dans les aéroports.

Barthélémy Courmont approuve le recours aux moyens technologiques, comme les scanners corporels, par exemple. «Mais d'autres mesures sont critiquables, comme la volonté de détecter les passagers dangereux. On n'y arrivera jamais.» Il estime que, en ciblant les gens en fonction de leur appartenance ethnique ou religieuse, on risque plutôt d'exacerber la frustration des peuples visés et d'encourager l'extrémisme.

«La vraie solution contre le terrorisme, conclut M. Courmont, elle n'est pas dans le renforcement de la sécurité; elle est politique. Il faut se demander pourquoi des individus veulent commettre ce genre d'attentat.»

 

AFPAIMABLE MAIS» INTROVERTI «

Le Nigérian qui a tenté de faire sauter un avion de ligne américain le 25 décembre était aimable mais «introverti», selon un jeune Canadien qui a vécu avec lui dans une résidence étudiante au Yémen l'automne dernier. Matthew Salmon, qui étudie l'arabe au Yémen, a habité avec Umar Farouk Abdulmutallab l'automne dernier. Tous deux étaient inscrits à l'Institut de la langue arabe de Sanaa. «Il était très passionné de religion, donc nous avions là un sujet de discussion», a-t-il dit à CBC. Le Nigérian avait quitté précipitamment la résidence étudiante en octobre dernier, sans prévenir personne.