Faire cesser la propagation des armes nucléaires et limiter la menace que font peser les attaques terroristes à la bombe sale sont des thèmes qui sont en passe de figurer parmi les principales priorités du Canada à l'occasion du sommet du G8 dont il sera l'hôte cet été, a-t-on appris lundi.

Le ralentissement économique mondial va dominer les pourparlers des huit dirigeants des pays les plus développés de la planète au cours de la rencontre de juin à Huntsville en Ontario. Cependant, les conseillers du premier ministre Stephen Harper travaillent à jeter les bases de nouvelles discussions à propos des efforts dans le domaine de la non-prolifération nucléaire.

Le Canada se fait tirer l'oreille pour que le sommet de Huntsville serve de plateforme internationale pour mettre en évidence les menaces posées par les États voyous nucléaires tels que l'Iran et la Corée du Nord, ainsi que par les terroristes qui pourraient se procurer les composantes d'une bombe sale nucléaire.

Un récent rapport présenté devant le Congrès américain a prédit qu'une «bombe sale» nucléaire ou biologique pourrait être utilisée par des terroristes d'ici 2013.

Il semble que le Canada aura l'appui d'au moins deux importants partisans du G8 dans son effort pour mettre la réduction des arsenaux nucléaires au sommet de l'ordre du jour du G8, en les personnes du président américain Barack Obama et son vis-à-vis russe Dmitri Medvedev. Ces derniers ont convenu de poursuivre leurs efforts pour réduire leurs formidables arsenaux nucléaires.

En tant que président du G8, le Canada a la responsabilité de fixer l'ordre du jour. Il semble que cette prérogative s'avère un avantage politique tangible pour le premier ministre canadien, qui peut ainsi détourner l'attention d'un autre grand problème mondial, que sont les changements climatiques, un sujet sur lequel le Canada a été vertement critiqué.

Cette priorité donnée à la question de la non-prolifération nucléaire, a aussi l'avantage pour Stephen Harper d'aligner sa politique étrangère sur celle des États-Unis.

Le mois dernier, la Russie et les États-Unis ont convenu d'étendre le Traité sur la réduction des armes stratégiques (START) de 1991, au-delà de son expiration le 5 décembre, afin que les négociateurs puissent façonner un accord de remplacement.

Barack Obama a fait de son leitmotiv «un monde sans arme nucléaire» un objectif de politique étrangère, quand il a présidé une réunion décisive du Conseil de sécurité des Nations Unies l'automne dernier, qui a unanimement réaffirmé cet objectif. Le président américain a également tendu la main à la Russie pour tenter de renouveler une relation qui était devenue de plus en plus tendue.

M. Obama veut renforcer le traité de non-prolifération nucléaire, auquel n'adhèrent pas certains pays comme l'Inde, le Pakistan et Israël. Il entend aussi réduire la production d'uranium de qualité militaire.

L'ambassadeur de Russie au Canada et un ancien négociateur en chef du contrôle des armes, Georgiy Mamedov, a indiqué avoir discuté avec le Canada de cette question de la non-prolifération dans le cadre des préparatifs du G8.

Il a dit s'attendre à ce que le Canada joue un rôle de premier plan en incitant les autres pays à respecter le traité de non-prolifération.

M. Mamedov a fait valoir que les responsables de la sécurité au Canada sont préoccupés par la menace posée par les matières nucléaires qui pourraient à tomber aux mains de terroristes et être utilisées pour fabriquer, par exemple, une bombe nucléaire de la taille d'une valise, qui pourrait anéantir une grande ville.

Une «bombe sale» utiliserait un explosif conventionnel pour diffuser des rayonnements toxiques. Alors que les pertes de vie immédiate seraient réduites par rapport à une bombe nucléaire, une «bombe sale» pourrait avoir de graves effets à long terme sur la santé des victimes et rendre de vastes régions inhabitables pendant de longues périodes de temps.

Le porte-parole de M. Harper, Dimitri Soudas, a déclaré lundi que l'élaboration de l'ordre du jour du G8 est toujours en cours de développement.