L'Alberta pourrait bien avoir perdu son statut d'«eldorado» pour les chercheurs d'emploi au Canada.

Depuis plus de 10 ans, l'économie de la province riche en ressources naturelles a attiré des centaines de milliers de travailleurs en provenance de la Saskatchewan, de Terre-Neuve-et-Labrador et d'ailleurs.

Mais selon l'estimation de la population de Statistique Canada pour le troisième trimestre de 2009, plus de personnes ont quitté l'Alberta pour d'autres provinces que le contraire. C'est la première fois qu'un tel phénomène se produit depuis 1994.

Douglas Porter, économiste en chef adjoint à la Banque de Montréal, a affirmé que l'Alberta drainait près de 50 000 personnes des autres provinces annuellement au plus fort du boum énergétique.

«C'est un revirement surprenant puisque, il y a trois ans à peine, nous voyions en moyenne 12 000 ou 13 000 nouveaux migrants (par trimestre) arriver en Alberta en provenance du reste du pays», a-t-il déclaré.

Selon M. Porter, le taux de chômage en hausse, résultat de la chute des prix dans le domaine de l'énergie, explique probablement le phénomène.

Todd Hirsch, économiste principal pour ATB Financial, a indiqué dans une note que le changement était une conséquence de la récession qui pourrait avoir subitement mis au chômage plusieurs employés originaires d'autres provinces canadiennes.

«Etant donné que beaucoup de travailleurs de l'Alberta sont arrivés durant les dernières années en provenance d'autres provinces, il est logique que les chercheurs d'emploi retournent chez eux lorsqu'ils se retrouvent sans travail en Alberta.»

M. Porter a affirmé qu'il était peu probable que la tendance se maintienne encore longtemps puisque le secteur de l'énergie a récemment fait quelques gains qui mèneront vraisemblablement à la création d'emplois.

Le taux de chômage de l'Alberta a monté en flèche durant la récession mondiale, mais la situation s'est améliorée dernièrement. Le nombre d'emplois de la province a fait un bond de 13 000 en novembre, soit la plus importante augmentation en plus d'un an.

Douglas Porter a prédit que le rétablissement ne se produirait pas immédiatement et qu'il faudrait possiblement attendre quelques années avant de voir les gens se précipiter de nouveau en Alberta.

«(Le secteur de l'énergie) traverse sans aucun doute une période d'ajustement difficile en raison du déclin des prix, mais nous croyons qu'il continuera, avec le temps, à agir comme un aimant pour les investissements et les personnes.»

En attendant, il n'y a pas lieu de s'inquiéter pour l'Alberta. Grâce à la natalité et à l'immigration internationale, la population de la province s'est accrue plus que la moyenne nationale au cours du troisième trimestre selon l'étude de Statistique Canada.

L'Alberta occupe toujours la troisième place en matière de croissance démographique derrière la Colombie-Britannique et la Saskatchewan.