La mésaventure des lingots d'or à la Monnaie royale canadienne - déclarés perdus à l'automne 2008, puis volés au printemps avant d'être retrouvés à l'automne - a coûté tout près de 1,2 million de dollars aux contribuables.

Pas étonnant que le ministre d'État aux Transports, Rob Merrifield, ait décidé hier de ne pas verser de primes discrétionnaires aux dirigeants de cette société d'État.

 

Selon des documents obtenus hier par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, la Monnaie royale canadienne a accordé des contrats à quatre entreprises au cours des 12 derniers mois pour l'aider à résoudre l'énigme entourant ses stocks d'or. Un premier contrat de 360 000$ a été accordé au printemps au cabinet Deloitte&Touche pour l'aider à retracer les 15,3 millions de dollars en lingots d'or disparus de ses coffres en 2008.

Après avoir passé au peigne fin les bilans financiers de la Monnaie royale, le cabinet Deloitte&Touche avait conclu, dans un rapport de 58 pages rendu public à la fin du mois de juin, que la société d'État n'avait pas commis... une erreur de comptabilité et que la piste du vol devait être sérieusement envisagée. L'affaire a été confiée aux policiers de la GRC pour qu'ils mènent une enquête.

Un deuxième contrat de 600 000$ a été accordé en juillet à la firme IBI Group pour examiner les opérations techniques et d'ingénierie de la société d'État.

Un troisième contrat de 29 000$ a été alloué à la firme The Banks Group Inc. pour revoir les mesures de sécurité à la Monnaie royale. Enfin, un dernier contrat de 296 000$ a été accordé à Microsoft Services pour vérifier les programmes de comptabilité de la société d'État.

Mais avant même que les résultats des deux derniers contrats eussent été divulgués, la GRC avait annoncé le mois dernier, après enquête, qu'il n'y avait pas eu de vol.

Hier, les dirigeants de la Monnaie royale canadienne ont aussi écarté l'hypothèse d'un vol pour expliquer l'écart constaté dans ses stocks d'or.

Dans un communiqué publié hier, la Monnaie royale a soutenu que les vérifications menées par les experts embauchés ont permis d'établir un rapprochement total entre les stocks aux livres et les volumes de métaux précieux pour l'exercice 2008.

Le Groupe Banks et Microsoft ont conclu après examen que l'écart non comptabilisé n'était pas le fruit d'activités criminelles, à savoir le vol, la fraude ou tout autre motif lié à la manipulation de données dans les systèmes informatiques.

En lieu et place, on a sous-estimé certains volumes de métaux et de scories, ainsi que de la teneur aurifère de sous-produits, de même qu'un programme de nettoyage des matériaux. Et cela permet aujourd'hui de combler les écarts de stocks qui avaient figuré dans les livres de la Monnaie royale.

La Monnaie royale affirme qu'elle a adopté des mesures pour éviter que de tels écarts ne se reproduisent.

Par la voie d'un communiqué, le ministre Merrifield a indiqué que ces explications avaient été approuvées par la vérificatrice générale, Sheila Fraser.

«En dépit de ces explications, je suis déçu des erreurs qui ont été commises. (...) En raison de ces conclusions, les cadres ne recevront pas de primes discrétionnaires pour 2008. (...) Je continuerai de tenir la Monnaie royale canadienne responsable des mesures qu'elle prendra pour éviter que cette situation ne se reproduise», a affirmé le ministre.

- Avec William Leclerc