Le Québec veut interdire le port de signes religieux visibles, soit, «mais qu'il ne vienne pas ensuite prétendre être une démocratie respectueuse des droits religieux et un endroit où les citoyens sont égaux».

Leila Bdeir, porte-parole de Présence musulmane, croit que trop de gens mélangent tout. «La laïcité, ça ne veut pas dire d'effacer tout signe religieux de l'espace public. La laïcité, c'est d'empêcher que les valeurs d'un groupe religieux priment sur celles d'un autre, c'est d'éviter de privilégier un groupe en particulier.»

 

Et si c'était une femme en burqa, derrière le comptoir? «Ça, ça serait une autre paire de manches, parce que la sécurité entre en jeu.»

Car comment vérifier que ce soit bien Fatima, derrière la burqa, qui rentre au bureau le matin? note-t-elle.

Ce n'est pas non plus une bonne idée, dit-elle, d'accorder des congés hebdomadaires à un employé de l'État si cela entraîne tout un casse-tête pour le remplacer.

Mais une petite croix dans le cou? Un voile? «Le droit à la religion, maintenant, ça veut dire le droit de l'exercer entre quatre murs, point à la ligne?»

Non, la religion n'a vraiment pas la cote au Québec, constate-t-elle. «Ça m'a frappée, l'autre jour, j'ai entendu un Québécois dire à un collègue qu'aller à la messe, c'est «quétaine».»

Selon elle, «il est temps d'arrêter de gueuler. C'est le temps de se parler parce que sous le voile et sous les kippas, il y a de vraies personnes qui sont très ostracisées ces temps-ci.»

Adam Atlas, président du Congrès juif québécois, préfère presque en rire. Il reste à espérer, dit-il, que «l'État continue d'embaucher des gens non pas en fonction de leur habillement, mais en fonction de leurs compétences. Moi, tant que la personne est habillée...»

Passant au mode anecdotique, il raconte que ses deux fils sont nés à l'Hôpital juif, à Montréal. «L'accouchement de l'un de mes fils a été fait par une femme voilée et ça s'est très bien passé.»