Le compteur continue de tourner dans le dossier de l'enquête de la Gendarmerie royale du Canada, lancée il y a quatre ans, sur une présumée fuite relative à l'imposition des fiducies de revenu, alors que ses coûts sont sur le point de s'élever à 500 000$.

L'enquête - un coup de théâtre en pleine campagne électorale de 2005-2006 - a éventuellement connu une fin en queue de poisson, alors que personne n'a été pointé du doigt, bien qu'un fonctionnaire ait été accusé d'avoir prétendument profité d'informations privilégiées.

En date du mois de novembre, la GRC avait déboursé 445 000$ dans le cadre de cette enquête, dont environ 60 000$ en dépenses de voyages, ont fait savoir les autorités du corps policier en réponse à une requête de La Presse Canadienne, effectuée à l'aide de la Loi sur l'accès à l'information.

Le personnel de la GRC a consacré plus de 8700 heures de travail à ce dossier, un total appelé à augmenter puisque les enquêteurs s'affairent à préparer le dossier des procureurs de la Couronne dans le procès de Serge Nadeau.

Ce fonctionnaire du ministère des Finances a été limogé sans salaire après avoir été accusé, en février 2007, d'abus de confiance criminel, un délit qui pourrait lui valoir une peine maximale de cinq ans derrière les barreaux.

La GRC soutient que Nadeau, un résidant d'Orleans, en Ontario, a utilisé une information privilégiée, reliée à une décision du gouvernement libéral de ne pas réclamer d'impôts aux fiducies du revenu, pour réaliser des gains variant entre 6368 $ et 7378 $ sur le marché boursier.

Nadeau a déposé un plaidoyer de non-culpabilité et son procès doit s'amorcer le 6 avril à Ottawa. Aucune des accusations déposées à son endroit n'a été démontrée en cour.

Le 23 novembre 2005, Ralph Goodale, alors ministre des Finances au sein du gouvernement libéral, a annoncé un projet dont le but était de ne pas imposer les fiducies de revenu, mais plutôt de diminuer l'impôt sur les dividendes d'actions canadiennes.

Cette décision, dont l'objectif était de rendre les règles du jeu plus équitables entre les fiducies de revenu et les corporations traditionnelles, a surpris les investisseurs et provoqué une hausse immédiate de la valeur des fiducies de revenu.

Toutefois, des observateurs du marché boursier ont noté d'importantes hausses des achats-ventes quelques heures avant l'annonce, ce qui les a portés à croire que la nouvelle avait été dévoilée à un certain nombre de personnes.

L'épisode s'est rapidement transformé en scandale politique lorsque la GRC a annoncé, le 28 décembre 2005 - en pleine campagne électorale - qu'elle lançait une enquête dans un présumé cas de délit d'initiés. Le nom de M. Goodale était inclus dans le communiqué de presse.

Cette accablante nouvelle a eu pour effet de mener à des soupçons d'actes irréguliers de la part des libéraux, déjà confrontés à de nombreuses critiques reliées au scandale des commandites, et aidé à causer leur défaite lors des élections générales de janvier 2006.