Le voyage occupe une place de choix dans les rêves des Québécois. Un répondant sur dix souhaite partir pour une longue période de temps. Un grand projet qu'ont réalisé Claire Roberge, Guy Lavoie et leurs deux filles, après plus de 10 ans de planification.

Du 12 septembre 1999 au 26 juin 2004, la famille a fait le tour du monde à bord d'un voilier qu'elle a elle-même assemblé. Elle a parcouru trois océans et découvert de nouvelles cultures, des Antilles à l'Afrique du Sud, en passant par les innombrables îles du Pacifique Sud.

Un périple auquel Guy rêvait depuis plus de 20 ans. «Quand nous sommes tombés amoureux, il ne m'a pas demandée en mariage: il m'a demandé de faire le tour du monde avec lui!» se souvient Claire.

La demande était lourde de sens, rappelle Guy. Pendant 10 ans, le couple a mis son argent de côté - il devait disposer d'environ 25 000$ par année de voyage - et il a investi environ 125 000$ dans la construction de Baltazar.

«Certains de nos proches étaient réfractaires à l'idée. Je pense qu'ils étaient surtout inquiets pour nous. Mais bon, quand on a mis le bateau à l'eau, ils ont bien été obligés d'admettre qu'il flottait!» raconte Claire en riant.

Le jour du départ, Joëlle et Chloé, les deux filles du couple, avaient 7 et 9 ans. Elles sont allées à l'école sur le voilier, grâce aux explications de Claire pour le français, et de Guy pour les mathématiques.

«Il y a eu des moments plus difficiles que d'autres - quand on ne s'entendait pas sur la méthode pour enseigner à nos filles, on pouvait difficilement s'isoler pour en parler -, mais le voyage nous a appris à être à l'écoute les uns des autres. J'avais des rêves, mais les autres aussi. Je devais en tenir compte», explique Guy, qui souhaitait partir 10 ans.

La famille s'est finalement entendue pour un périple de cinq ans, pour que Joëlle commence son secondaire au Québec. Depuis son retour, le couple vit de son voyage et donne des conférences.

«On voit bien que plusieurs Québécois rêvent de partir longtemps eux aussi, raconte Guy. Ce qui est émouvant, c'est que parfois, on termine des conférences et on voit des gens pleurer d'émotion dans la salle. Plusieurs rêvent d'avoir un jour cette liberté. Et c'est possible: si nous, on a réussi avec des salaires assez modestes, bien d'autres peuvent le faire. Il faut juste être décidé et prêt à faire des sacrifices.»

Périple de la famille Roberge-Lavoie:

www.voilierbalthazar.ca