Les informations qui circulent au sujet du contrôle qu'exercerait la mafia sur les dépenses en infrastructures suscitent des appels en faveur de la tenue d'une enquête sur les liens existant entre les gouvernements, le monde des affaires et les milieux du crime organisé.

Antonio Nicaso, auteur de plusieurs livres sur la mafia, dit espérer que le gouvernement fédéral sera poussé à agir à la suite de la publication d'informations voulant que l'organisation criminelle italienne mette la main sur des fonds publics à Montréal. Selon lui, le problème existe également à l'échelle nationale.

Cette question fait surface alors que les gouvernements fédéral et provinciaux se lancent dans des programmes de dépenses en infrastructures de plusieurs milliards de dollars sans précédent dans l'histoire du pays.

Les partis d'opposition à Québec réclament une enquête au plan provincial. De leur côté, des politiciens municipaux affirment qu'une investigation pourrait être nécessaire si jamais la police confirmait que les allégations de corruption sont fondées.

En dépit de l'importance des sommes en jeu, M. Nicaso dit douter qu'un gouvernement au Canada, à un niveau ou un autre, soit intéressé à se pencher sur la question du crime organisé.

Aucun gouvernement canadien n'a jamais voulu regarder de près «cette zone grise où les criminels, politiciens et hommes d'affaires se retrouvent pour différentes raisons», a-t-il affirmé lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne.

«Je ne crois pas qu'il y ait au Canada une volonté ou un engagement politique pour lutter contre le crime organisé», a déclaré M. Nicaso.

«Le problème existe depuis si longtemps, et ils (les politiciens) n'ont jamais agi ou abordé le problème de la bonne façon.»

Les réactions des différents partis politiques tendent à lui donner raison.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral a refusé de se prononcer sur la question. Deux porte-parole du Parti libéral du Canada (PLC) n'ont jamais répondu aux demandes d'entrevue leur ayant été adressées par courriel et téléphone. Les conservateurs au pouvoir ont également évité de se mouiller.

Un porte-parole du ministre fédéral de la Sécurité publique, Peter Van Loan, a offert la réponse suivante: «Nous ne nous mêlons pas des affaires des provinces».

Radio-Canada a rapporté les propos d'un fonctionnaire selon lequel la mafia contrôle 80 pour cent des contrats attribués dans le secteur de la construction routière à Montréal. Des membres de l'industrie de la construction ont aussi confirmé la situation à la société d'État et ont parlé des menaces de violence lancées à l'endroit de ceux ayant tenté de s'y opposer.