Président des États-Unis lors du référendum de 1995, Bill Clinton avait à maintes reprises dit qu'il était favorable à un «Canada fort et uni», mais avait immanquablement ajouté que le choix appartenait aux Québécois. Débarrassé de son chapeau de chef d'État, il a dit hier à Montréal le fond de sa pensée sur la souveraineté du Québec. «Je suis heureux que vous n'ayez pas divorcé.»

«Quand vous n'êtes pas président, personne ne se préoccupe de ce que vous pensez, alors, dites-le!» a lancé à la blague M. Clinton lors d'une allocution qu'il a prononcée après avoir reçu un doctorat honorifique en droit de l'Université McGill.

 

Pour l'occasion, près de 700 personnes invitées par l'université montréalaise étaient venues l'entendre.

Le 42e président des États-Unis, qui a mis sur pied une fondation humanitaire portant son nom après avoir quitté la Maison-Blanche en 2001, s'est lancé dans un exposé sur la nécessité pour la communauté internationale de s'entraider pour faire face à la faim, à l'instabilité politique et aux changements climatiques. «Ce sont des défis que nous ne pouvons pas relever en vase clos. Un monde dans lequel il y a autant d'inégalités ne peut pas être durable. Un monde dans lequel il y a autant d'instabilité peut facilement se retrouver en eaux troubles», a dit l'ancien président.

Profitant de la Journée mondiale de l'alimentation, soulignée alors que de nouvelles études de l'ONU démontre qu'un être humain sur six souffre de sous-alimentation, l'ex-président américain a salué les efforts du Canada qui investit une partie importante de son aide internationale dans l'essor de l'agriculture des pays en voie de développement.

La pratique aux États-Unis, a-t-il rappelé, est d'acheter des vivres aux agriculteurs américains et de les faire parvenir sous forme d'assistance humanitaire dans les pays en crise, une approche qui, selon M. Clinton, fait peu pour régler le problème à long terme. «Malgré tous mes désaccords avec George W. Bush, je dois reconnaître qu'il a essayé de faire la même chose (que le Canada). Il a été cloué au piloris. Je pense que j'étais le seul démocrate qui lui était favorable», a dit M. Clinton.

En plus de parler de justice sociale dans les pays où sa fondation est active, dont Haïti, où M. Clinton est aussi l'envoyé spécial des Nations unies, l'ex-président a réitéré son soutien à la réforme de la santé aux États-Unis, réforme sur laquelle il s'est lui-même cassé les dents dans les années 90. Selon le mari de l'actuelle secrétaire d'État des États-Unis, l'administration Obama pourrait réussir à faire adopter son ambitieuse réforme puisque la société civile américaine demande des changements.