La grand-messe de la gauche qu'est le Forum social québécois (FSQ) s'est terminée hier dans un bruit de fanfare, alors que quelques centaines de manifestants armés de pancartes bigarrées ont pris d'assaut le centre-ville de Montréal dans une ambiance festive.

De la vulnérabilité des jeunes devant l'informatique à l'intrusion du privé dans le secteur des soins médicaux, en passant par le chocolat équitable, les droits de l'homme en Amérique latine ou l'indépendance du Québec, peu de sujets fétiches - ou moins connus - de la gauche ont été passés sous silence au cours des cinq jours de ce forum, pendant lesquels quelque 3000 personnes ont participé à 350 ateliers.

 

Pour la porte-parole Barbara Legault, le FSQ est «un espace de convergence» formidable pour tous les groupes progressistes militants, qui ont peu d'occasions de se rencontrer. «Je l'appelle aussi la cuisine des alternatives. C'est un espace où on met tout sur table. La droite va se rassembler dans des rencontres comme le G20, comme l'OMC; nous avons aussi besoin de nos rencontres, comme le Forum, pour créer des convergences, savoir comment on va mener nos luttes.»

Si le Forum n'a pas accouché de résolutions communes, les mêmes préoccupations revenaient chez la plupart des militants et porte-parole interrogés hier. Les hausses de tarifs d'Hydro-Québec, la lutte contre le déficit et les compressions dans les programmes, la crise mondiale, les faiblesses du système capitaliste étaient sans cesse mentionnés.

«Il n'y a pas seulement un vent de droite, il y a un ouragan qui souffle sur le Québec, le Canada, le monde, affirme Mme Legault. Il faut montrer les failles de ce système capitaliste, qui crée de la souffrance. Il faut dire que ce n'est pas vrai, la pensée unique qu'on nous répète depuis plusieurs années, que c'est le seul système qui vaille, qui va amener la prospérité. Ce n'est pas vrai, c'est un mensonge. On est là pour le dénoncer.»

Le manque de prises de position concrètes agace cependant certains militants de longue date, comme François Saillant, coordonnateur du FRAPRU, qui était au rassemblement d'hier au parc Émilie-Gamelin. «Ce sont de beaux événements, ça rassemble beaucoup de gens, mais ça n'a pas de lendemain parce qu'il n'y a pas d'effort pour essayer de trouver des interventions communes. J'aurais aimé des prises de position, qu'on nomme des actions à faire, qu'on concerte nos forces. De ce côté-là, c'est un peu raté.»

Pour Guillaume Loiselle-Boudreau, permanent du FSQ, les dizaines d'ateliers et de rencontres permettront au contraire aux militants de mieux faire valoir leurs positions sur la place publique. «Ça a permis un beau réseautage. Ce sera le temps pour les gens de sortir dans la prochaine année, de dire qu'on n'accepte pas la déréglementation et la privatisation, de dire oui ou non aux différents projets.»